L'écriture libérée
L’imprimerie a permis au peuple de lire, Internet va lui permettre d’écrire. Benjamin Bayart
Les commentaires
Les articles les plus polémiques et faux sont les plus commentés. L’envie de polisser et de se mettre en valeur sont très grands. On ne commente pas ou peu un article où on est globalement d’accord. Aberrant. Plutôt que de pousser la réflexion plus loin, collaborer, rebondir, on s’arrête. On écrit un commentaire pour s’opposer pas pour proposer.
Il est trop facile de commenter, pas assez de friction. En quelques secondes n’importe qui peut déverser sa haine et sa bêtise dans l’impunité quasi-totale de l’anonymat. Il serait tout aussi facile de remercier celui qui produit mais personne ne le fait. C’est inutile apparemment. Naturellement ceux qui produisent se demandent pourquoi continuer à produire, pourquoi publier ?
Pourquoi publier ?
Si on publie c’est que l’on juge que ce que l’on produit (podcasts, vidéos, articles, tests, etc.) est intéressant, divertissant, utile pour les autres. Je ne suis pas convaincu que ce que je fais soit utile ou intéressant pour les autres. Je sais maintenant écrire, produire, publier, faire. Et j’ai surtout aujourd’hui l’impression de me donner en spectacle, étaler mes idées en place publique, donner à voir mon narcissisme, « regarder comme j’ai raison », « regarder comme je fais bien ».
Publier permet de se soumettre à la critique, se forcer à la réflexion, à l’exercice de l’argumentation mais oblige également à être soumis aux jugements. Ces jugements génèrent perte de temps et d’énergie. Je comprends mieux à présent pourquoi certains ferment leurs commentaires. Ils s’évitent ainsi une charge supplémentaire, ils sont totalement concentrés sur leur réflexion et leur production, ils ne sont pas parasités à se défendre, se justifier et argumenter.
Le fond mais pas la forme
J’écris ce que je veux mais pas comme je le veux. J’ai le choix du sujet mais pas des moyens de le traiter. J’ai réussi à avoir la liberté du fond (c’est difficile et rare) mais je n’ai pas celle de la forme. J’écris un article comme je mets des gants pour monter sur le ring, je prépare ma défense, j’aiguise mes arguments, je réfléchis à quels endroits il faudra me protéger. J’ai trop bien appris comment écrire.
Je ne veux plus monter sur le ring avec des gants de boxe, je veux monter à poil et me prendre une branlée. Marre d’écrire en pensant avant à s’éviter des coups, construire sa pensée en bloquant l’attaque avant qu’elle ne soit portée.
La puissance et l’impuissance
Cyrille considère que bloguer sous son vrai nom donne plus de poids à ses paroles. Il a raison. Bloguer sous pseudo donne plus de liberté. J’ai raison. De grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités. Cyrille a un grand pouvoir, il décide de faire joujou avec. J’ai beaucoup de liberté, je décide de l’assassiner. Nous sommes humains, terriblement.
Dans tous les cas nous sommes impuissants devant les mots et devant le temps. Il faut l’accepter et en prendre la mesure.
Plagiat
La source ici, le plagiat là. Je vous invite à regarder les liens « base de données » et « Active Directory » dans le plagiat pour rigoler.
Pas le droit mais le droit de se taire
J’ai voulu montrer des photos mais je n’en ai pas le droit. On a encore le droit de se taire, Dieu merci.
Perso mais pas trop
Le blog, une sorte de journal en ligne mais où on ne peut pas tout dire. J’ai écrit un article dimanche sans le publier, trop perso finalement.
Big up et merci quand-même à Pafzedog pour son conseil à l’origine de l’article.
La bêtise a gagné
Le peuple a perdu, la bêtise a gagné. Des torrents de haine, de bêtise, d’égocentrisme se déversent sur le net. Le divertissement éteint en nous l’envie de nous interroger, nous invite à la paresse. Il est tellement naturel de se laisser aller à un repos bien mérité, tellement bon après une dure journée de labeur.
Autonomie et assistanat
Tu me dis, j’oublie. Tu m’enseignes, je me souviens. Tu m’impliques, j’apprends. Benjamin Franklin
Déjà 8 avis pertinents dans L'écriture libérée
Les commentaires sont fermés.
certes tu publies car tu le peux, car tu as des choses à dire, mais aussi car peu sont les humains capables de toucher par leurs mots.
tu as décidé de retourner à l’écriture solitaire, mais le plaisir ne vaut que s’il est partagé
j’espère retrouver ta prose ici ou là, en commentaire ou en article, sur la toile ou en papier
++
arp
J’ai remonté dans cet article tout ce que j’ai pu constater… et tout ce qui (me) pose problème. Je vais voir si je trouve des solutions… et réfléchir à mon « nouveau » chemin.
Tcho !
Je crois que la critique est le propre de notre humanité. Nous voyons difficilement pourquoi il est utile de remercier et de féliciter quelqu’un pour ses qualités. Par contre dès qu’un grain de sable de présente, c’est haro sur le fautif.
Personnellement, je vais simplement féliciter celui qui fait quelque chose, c’est le seul qui risque de réussir. Le autres le regardent et le critiquent mais n’aboutiront à rien de constructif.
Bravo à ceux quoi tentent de faire quelque chose, tant pis s’ils se trompent, ils auront au moins essayé…
c’est toujours avec plaisir que j’ai lu tes textes lorsque je tombais dessus en survolant mes flux rss, il y a une fraîcheur qui ressort de tes paroles qui est revigorante.
Tu sembles avoir des idées bien ficelées, bien ancrées par une réflexion, ces certitudes qui nous aident à avancer, puis « paf » (le chien), tu fais un pas de côté et regarde la scène sous un autre angle en disant, oui, je peux me tromper, je me trompe sûrement, et là forcement, comme il y a des gens qui ne savent s’exprimer qu’avec violence quand bien même ils ont raison, toi tu as déjà prêté le flan et tu prends dans les côtes.
Bon je m’égare un peu là …. tout ça pour dire que « prends le temps de lustrer ton bouclier » et reviens nous pondre un petit texte de temps en temps
A bientôt camarade
PS: merde ! qui est-ce qui va me citer maintenant ?
En général je ne pense pas comme les autres. Je suis désolé si ça peut paraître prétentieux mais je m’explique.
Je dis boujour, salute, yo quand je débute un commentaire par exemple, moi je trouve ça normal c’est une marque de respect, ça apaise les choses. Personne ne le fait, je n’attends pas les autres pour me dire comment je dois penser. En général je résume cela par « je fais ce que j’ai à faire », je suis mon code de conduite pas celui de la société quitte à être ridicule pour beaucoup.
Pour ta remarque c’est pareil, tu as certes raison mais ce n’est pas parce que je n’ai pas de compliments, remerciements, etc. que je trouve normal et logique qu’il n’y en ait pas. Par conséquent je n’ai pas attendu pour défoncer mon stagiaire quand c’est du boulot de merde mais je le complimente et l’encourage dans ses efforts. J’essaie d’être juste pour faire simple. Certains diront que c’est normal malheureusement dans le management actuel c’est de moins en moins le cas.
Pour moi quand tu croises un contenu sympa, tu dis merci, tu partages, tu ajoutes une précision. Je ne commente pas que pour dire c’est pas bien, c’est faux bref du négatif. Ceux qui produisent du contenu sur le net n’ont pas grand-chose, le nombre de visites pour leur narcissisme et les commentaires où tu sais « vraiment » ce que les gens pensent de ton contenu. Il est donc important de dire que c’est bien quand on le pense, ça fait plaisir, ça rassure, ça donne envie de continuer. Aujourd’hui malheureusement on commente souvent dans le négatif, le positif est « suggéré » (si on continue à venir c’est que c’est bien…).
Tcho !
Je ne pense pas revenir écrire, j’ai fait le tour de ce médium le blog et ça ne me convient plus. Je ne veux plus de cette séparation blogueur, lecteur. Je veux pouvoir dire ce que je pense en n’ayant rien à foutre des problèmes que pourraient générer le fait de coller deux pauvres photos dont je ne possède pas les droits. Je suis coincé dans le fait que je respecte les auteurs des photos mais que je trouve le système totalement écœurant et illogique.
Le blog est devenu trop restrictif et limité pour moi. La logique même de la publication, l’article comme « temps fort » me gonfle. Je n’ai pas plus ou mieux à dire que vous, je ne veux plus être le mec sur la scène en train de parler, je veux être le mec autour de la table à parler avec les autres.
Tcho !
Je n’ai plus le même rapport au blogging qu’avant. Mon blog est devenu mon aide de camp, mon aide mémoire où je formalise rapidement (plus rapide qu’un livre) des contenus techniques qui mettent en valeur mon activité professionnelle.
Si j’écris encore pour moi (aide-mémoire), j’écris davantage pour les autres, aux 1ers rangs desquels se trouvent mes « clients ». A chacun sa formule ! A chacun son équilibre !
La modération empêche les lecteurs de voir un truc mauvais, inutile, méchant. Celui qui modère, lui, doit prendre connaissance de tout et faire avec.
Quand je vois ça tiré de http://blog.etudiant-libre.fr.nf/?id=29, j’ai juste envie de discuter à la batte de baseball :
« Eh gros dégénéré, c’est quand que tu supprime ton blog pourri. Fais gaffe, les petits collabos de ton genre finiront en camp une fois qu’on sera au pouvoir. Tu devrais arrêter dès maintenant. »
« Merci St-Macron de contribuer à faire disparaître toutes ces raclures d’étudiants bobo-socialo ! Merci le libéralisme de purifier la société par darwinisme et le rétablissement de la hiérarchie ! Faîtes-vous sauter le caisson avec vos acquis sociaux, vous valez encore moins que ça. »
Le blogging s’institutionnalise et ça ne me plait pas non plus. Un développeur doit avoir un compte GitHub pour montrer ce qu’il fait/vaut. Maintenant ça va être au technicien/sysadmin d’avoir un blog pour montrer ce qu’il fait/vaut. C’est « vendeur » sur le CV, ça fait bien. C’est dommage car le fond de l’affaire est hypocrite ainsi va le monde mais je n’approuve pas.
Te concernant tu fais bien, ça donne de la visibilité, ça montre tes connaissances et compétences et puis tu le fais pour les autres. C’est pas le cas de tous malheureusement.
Chaque blogueur est différent et tu fais bien de le souligner, merci à toi de partager autant avec les autres, ton blog est vraiment très intéressant.
Tcho !