Déléguer

Depuis 10 ans que je suis dans l’informatique, j’ai croisé beaucoup de personnes compétentes voire très compétentes professionnellement. Dans mon nouveau job mon collègue (un des dirigeants de la petite société où j’ai été embauché) qu’on appellera C. est un gros crack, c’est une des trois personnes les plus compétentes que j’ai jamais côtoyé. Il pourrait écraser son prochain par son égo, ses connaissances, sa position et ses certitudes mais il n’en est rien.

C. gère un dev, un sysadmin (moi) et une personne qui s’occupe du support client. Je considère qu’il est capable de tout faire mieux que nous en nettement moins de temps que nous. C’est flagrant. Il n’a pas volé ses compétences, ça fait 10 ans qu’il construit et développe sa boîte, c’est un DevOps avant l’heure. Mais alors… pourquoi nous confier des tâches qu’il exécute mieux que nous ??

La réponse est très simple parce qu’il n’a pas le temps. Il souhaite se libérer davantage de temps pour s’occuper de sujets de plus haut niveau. Et là je salue toute l’intelligence de la démarche, un manager DOIT déléguer car même si il fait mieux et plus vite que l’employé, il n’a pas la possibilité de TOUT faire. Il n’y a que 24h dans une journée, il faut accepter ses propres limites, on ne peut pas tout contrôler. C’est avant tout un problème d’égo et de confiance.

C. nous encourage à prendre davantage de responsabilité, à monter en compétence, à gagner en autonomie. C’est donc un véritable pari sur les personnes recrutées et une grande confiance placée entre leurs mains. Je ressens une vraie coopération avec lui, une aide sincère pour que je progresse, cette confiance placée en moi.

Pour déléguer il faut deux ingrédients principaux : La confiance et l’autonomie. Le manager doit faire confiance à son employé, c’est probablement le plus dur pour le manager car il est responsable de l’équipe et du travail effectué en son sein. L’employé doit être conscient de la confiance placée en lui, être responsable (il ne faut pas décevoir cette confiance) et être autonome.

Je vous souhaite de connaître un jour cette façon de travailler. Elle devrait être la norme mais elle peine à émerger dans la manière de manager en France où on considère que l’employé est trop incapable et/ou irresponsable et/ou irrespectueux de la hiérarchie.

Déjà 5 avis pertinents dans Déléguer

  • On est pas d’accord sur le terme manager. Pour moi « manager » (chef de projet en français ? ca fait moi bling-bling…) c’est quelqu’un qui n’a pas forcement de grosses compétences techniques mais bien des compétences organisationnelles.

    Il est fréquent qu’on fasse grimper les techniciens aux rangs supérieurs en leur donnant davantage de responsabilités de gestion et moins de technique. Donc ce que tu décris n’est pas extraordinaire. Le gars est juste dans son rôle. On peut sûrement se poser la question de savoir si ces compétences ne sont pas un peu gâchées en le mettant à de la gestion, mais c’est un autre débat et il est en fait commun à toute l’organisation socio-économique capitaliste.

  • Scandinave
    Tu as de chance d’avoir un chef compétent technologiquement et managérialement. Ce que je trouve dommage c’est qu’une personne en France ne puisse pas rester techos si cela est son désir sans faire une croix sur sa carrière et sa rémunération. Dans la plupart des boite. Soit tu deviens chef de projet soit tu reste à un salaire misérable. Je pense qu’on manque cruellement de technicien ultra qualifié avec 15ans d’expérience et des salaires en conséquence ( +5000 €)
  • olivier
    Etant dans le flou dans mon évo de carrière, cet article me conforte toujours un peux plus dans le fait qu’a 36 ans même si tu es passionné par la technique, tu ne sera jamais considéré (nous somment en période de domination des écoles de commerce). Bref moi aussi je vais me tourner vers un poste de chef de projet à grand regret. Sinon il reste toujours le freelance mais c’est plus simple sur paris.

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