Territoires

J’ai lu un article d’un prof qui quitte Twitter : « Et la meilleure manière de ne pas alimenter les trolls, c’est encore de n’être pas là. Quand ceux-ci se trouveront tout seuls, ils n’auront plus rien, plus une personne pour exprimer leur détestation de tout. »

C’est assez logique finalement si on suit le précepte « Don’t feed the troll », on les fait mourir de faim. La logique que je vois surtout émerger c’est que si on ne peut pas avoir de pouvoir sur l’outil alors autant le quitter. Pour être autonome il faut deux choses principalement : Avoir son propre outil et le maîtriser.

Par exemple sur ce blog si on décide de ne pas publier un commentaire ou de fermer les commentaires, on peut. On a le pouvoir, la possibilité de le faire, on est autonome. La semaine dernière pour éviter de mettre le bordel sur le forum Debian-Facile, Thuban, Starsheep, Arpinux se sont exprimés sur leurs blogs personnels. Ils peuvent se permettre de faire ce qu’ils veulent puisqu’ils le font chez eux, ils sont autonomes.

On voit les limites de la centralisation et pourquoi il y aura toujours des petits îlots de personnes qui continueront à s’exprimer. Ils pourront le faire comme ils l’entendent mais uniquement chez eux. Ce ne sera jamais le cas sur des Twitter, YouTube, Facebook, Medium.

YouTube offre une énorme visibilité et une gigantesque audience mais très peu de pouvoir. Un blog/site personnel offrira une visibilité et une audience ridicules mais un pouvoir quasiment total. Malheureusement pour faire de l’audience, il faut plaire et pour plaire il faut se vendre. On sacrifie ainsi créativité et liberté de ton pour des rêves de gloire, de reconnaissance éventuellement d’argent.

Le processus créatif est muselé quand vient l’étape de publier. Il faut choisir entre audience et liberté de ton, il faut choisir entre se vendre et être, il faut choisir entre la puissance d’un YouTube et l’autonomie de son propre outil.

Déjà 10 avis pertinents dans Territoires

  • Toto
    L’internaute n’est pas aimable.
    C’est Gainsbourg qui a dit que pour obtenir une belle photo du ciel, il faut qu’il y ait de gros nuages, des éclairs, du contraste. S’il fait beau, on a une photo uniformément bleue, sans relief.

    C’est celui qui lance la foudre sur internet qui se fait remarquer, il sait que le mauvais temps fait le buzz.
    Un billet de blog, Tweeter, les forums servent souvent à ces petits Zeus modernes à exercer leur vilain pouvoir.

    On ne devait jamais rien critiquer sans apporter une solution, une contre-proposition, quelque chose de positif et de constructif.
    Ça aide à réfléchir.

    On devrait instaurer cette règle partout sur internet et bloquer les déclarations des petits Zeus qui rendent notre internet détestable.

  • Toto
    Si.
    Sur ton blog par exemple, tu peux décider qu’aucun commentaire ne sera publié s’il ne répond pas à la règle « Pas positif, pas constructif = pas publié ».

    Ce n’est pas dangereux, ça oblige à penser différemment avant de poster.

  • Toto
    « il faut surtout amener les gens à l’ouverture d’esprit, la curiosité, la réflexion critique, l’engagement concret ».
    Je crois qu’on dit la même chose …
  • A1
    Marrant de (re)voir cette formulation :) Je crois que ni l’imposition ni la proposition ne sont suffisantes. La première est du royaume des actes: elle est aliénation par coercition. La seconde est du royaume des mots: elle n’engage à rien ni celui qui écoute ni celui qui propose.

    Je crois qu’il faut articuler les mots et les actes. Pour ce faire, il me semble qu’un chemin possible est celui de l’exemplarité, c’est à dire d’une incarnation tellement radicale qu’elle en devient limpide, au point d’inspirer ceux qui nous entourent. Celui qui incarne met ses actes en accord avec ses idées: il s’engage: de ses idées découlent ses actes. Si l’incarnation est jugée avantageuse par celui qui la constate, il souhaitera s’engager lui-aussi pour bénéficier de cet avantage: de ses idées découleront ses actes.

    Au delà de la polarisation autour des actes (imposition) et des mots (propositions), leur articulation ne dissipe par pour autant toute difficulté. Entre autre, reste donc l’inconnu de la perception de l’engagement de celui qui est engagé par celui qui n’est pas encore engagé. La pédagogie, le compagnonnage, le soin, l’attention, la patience, la bienveillance, le discernement sont autant de points déterminants.

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