Conférence Marxisme et internet à la PSES

Comme je vous l’avais indiqué, j’ai tenu une conférence à la PSES/HSF 2016 sur le thème Marxisme et internet. Je diffuse ici la captation de cette conférence.

 

Je souhaite également apporter quelques précisions à la conférence :

Sur la conférence elle-même

Il est possible que vous soyez déçus et me signaliez que je n’ai pas abordé tel sujet ou pas assez approfondi tel autre. Je le sais. Je n’avais malheureusement qu’un créneau d’une heure et prévu 45 minutes d’intervention et 15 minutes de questions. Si l’on m’avait laissé tout le temps disponible, j’aurais probablement fait une conférence de 4 heures pour détailler la moitié du Capital et parler de Ricardo, Hayek, Friedman, Keynes… Finalement, c’est peut-être mieux que ça se soit passé comme ça. Vu la chaleur écrasante qu’il faisait dans la salle, j’ai eu un mal de chien à tenir le public éveillé. Ça a d’ailleurs donné une scène assez comique pour moi au moment où je lance la vidéo puisque lorsque j’arrive sur la slide correspondante, je m’approche du paravent afin de le signaler au régisseur pour me rendre compte que le bougre roupillait à poings fermés :D

J’ai été agréablement surpris de la bonne réception et de la bienveillance du public malgré le caractère hautement politique et trollogène du sujet. Je m’attendais vraiment à me faire basher dans la partie questions mais ça n’a pas été le cas du tout. Plusieurs personnes sont même venues me voir à la fin de la conférence pour me remercier et m’indiquer que ça leur avait fait du bien d’entendre un point de vue différent de la doxa ambiante.

Sur le statut des fonctionnaires et le régime général de la sécurité sociale

Ces deux projets[1] ont été portés par Maurice Thorez et Ambroise Croizat, deux communistes. À l’époque, le PCF fait 30% aux élections générales et représente la première force politique du pays. Pourtant, les gaullistes ont réussi à les exclure du pouvoir pendant près de 25 ans. C’est une grave relecture de l’histoire que d’affirmer que des circonstances exceptionnelles — le patronat ayant collaboré, n’aurait plus eu voix au chapitre — ont permis d’obtenir ces deux grandes conquêtes sociales. Ce n’est pas vrai du tout. De Gaulle s’accommode bien plus du patronat collabo que des communistes. Il est d’ailleurs ulcéré d’avoir à en placer dans son gouvernement après 44 et prendra bien soin de les tenir loin des ministères régaliens (intérieur, finances, défense, etc.) Le patronat est omniprésent et très puissant. Les communistes porteront ces deux projets absolument seuls, contre vents et marrés. Contre, même, ceux qui auraient dû constituer leurs alliés naturels après 36 : la SFIO. Alors même qu’ils sont placés à la tête de deux ministères secondaires (travail et fonction publique), les deux communistes ont réussi à créer deux institutions que même 60 ans de politique de droite n’ont pas encore réussi à détruire entièrement. Le fait que ces deux institutions tiennent encore debout malgré les attaques répétées qui ont suivi leur création prouve que le PCF aurait pu faire de très grandes choses s’il n’avait pas été méthodiquement écarté du pouvoir.

Dernier point : 1947. C’est la date à laquelle on commence à parler pour la première fois du trou de la sécurité sociale. Le système est censé être déficitaire depuis 1947. Je pense que beaucoup d’entreprises rêveraient de se coltiner un déficit pendant 70 ans et continuer à fonctionner aussi bien que la sécu…

Sur le Parti Socialiste

Le Parti Socialiste n’a absolument rien de socialiste et ce, pratiquement dès sa fondation. Il est fondé en 1969 à partir de la fusion de la S.F.I.O. (Section Française de l’Internationale Ouvrière), du Parti Radical et d’autres partis dits « de gauche ». Mitterrand en prend le contrôle en 1971. Mais comme vous pouvez vous en douter, Mitterrand n’est pas un homme de gauche. Il vient d’une riche famille chrétienne et conservatrice établie à Jarnac. Entre le 19 juin 1954 et 5 février 1955, il est ministre de l’intérieur du Président René Coty (classé à droite). Il fera une partie de sa carrière aux côtés d’Émile Biasini, gouverneur du Tchad au moment où Mitterrand est ministre des colonies, sous le gouvernement d’Edgar Faure, lui-même éminent ministre gaulliste. Mitterrand nommera d’ailleurs Biasini au ministère des affaires culturelles — les mauvaises langues disent que c’est pour empêcher Jack Lang, ministre de la culture, de faire n’importe quoi… Mitterrand ne nourrit pas, contre De Gaulle, une opposition idéologique violente. Les deux hommes s’échangeront volontiers des ministres et autres délégués comme ceux que je vous ais cité.

Lorsque Mitterrand arrive à la présidence de la république, en 81, il a promit d’appliquer un programme commun élaboré avec le Parti Communiste. Ce programme commun est très à gauche et j’ai pu lire quelques articles d’époque affirmant que c’était la fin de la république et que les chars russes allaient rouler sur les Champs Élysées. Il n’en sera rien, comme vous le savez. Mitterrand se contentera d’appliquer un programme tiède assez éloigné de ce qui était promis par le programme commun et arrêtera ses conneries dès 1983. Pour la suite de l’histoire, je vous invite à aller voir la vidéo Quand le PS est-il passé à droite ? de la chaîne Histony, cité dans les sources.

Sources

Je vous laisse quelques sources à consulter que je trouve intéressantes et qui m’ont aidé à construire ma conférence :

Sont également cités par le public de la conférence :

Une dernière précision encore : le contenu de la conférence et de cet article font suite à deux ans de recherches intensives au cours desquelles j’ai mangé des dizaines d’heures de conférences et d’émissions radiophoniques et avalé des centaines d’articles en tout genre. J’appuie mon propos sur de solides connaissances. Je préviens donc tout commentateur aventureux que s’il désire me contredire, il devra fournir de très bonnes sources de ce qu’il avance. Tout commentaire qui me dirait en substance que je n’ai rien compris à mon sujet sans avancer de très solides preuves de son propos se verra poubellisé sans autre forme de procès. Notez, en particulier, que les commentaires de type « tu dis de la merde, va lire cet article » sourcé par un simple lien, ne suffisent pas. Il vous faudra argumenter et passer par le processus par lequel je suis passé, à savoir : recouper plusieurs sources. Je considérerai purement et simplement toute autre forme de contradiction comme du troll.

Notes de bas de page :
  1. Contrairement à ce que j’indique dans la conférence, la sécurité sociale est créée par les ordonnances des 4 et 19 octobre 45 et non des 9 et 19 octobre.

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