L'oubliée

J’ai publié dans un précédent article la définition de l’humilité. Je ne pense pas qu’on puisse comprendre la suite de mon article sans la lire, vous êtes prévenus.

Cyrille me faisait la remarque que je réfléchissais trop. Dans l’absolu il a raison (pour être clair, on se comprend tous les deux et j’ai compris ce qu’il voulait me dire par là). Dans la réalité et ça a été ma réponse, c’est ce que je suis.

Ce trait de caractère « l’humilité » est probablement inatteignable pour moi car il s’agit de se voir de façon réaliste c’est-à-dire ni « trop » (fierté mal placée) ni « pas assez » (modestie mal placée) mais « réaliste ». C’est inatteignable car j’ai le syndrome de l’imposteur et c’est très très très difficile pour moi d’avoir une vision « réaliste » de moi-même.

Parce que je sais me remettre en cause, je vois mes défauts, je suis capable d’entendre les appuis répétés de Cyrille et A1 sur ce point.

Ce point m’empêche d’avancer, me ralentit car on parle ici de confiance en soi. Sauf qu’en étant « humble » (et donc « réaliste »), je blogue activement (2/3 billets par semaine) depuis septembre 2014, j’ai de nombreuses relations bien heureuses, je suis modérateur et contributeur actif sur le Jdh depuis fin 2014 et j’ai l’impression d’avoir une bonne vision d’ensemble du Libre francophone.

Pourquoi dire tout cela ? Pour moi, me forcer à cette introspection, me pousser à accepter ces faits, sont-ils réels ou imaginés/fantasmés ? Si j’accepte ces faits, je pourrais dire que « je fais » car bien que j’imagine aisément que ça soit inconcevable pour beaucoup, j’ai l’impression de n’avoir rien fait. C’est la magie du syndrome de l’imposteur. C’est la chance, le vent dans le dos, tout sauf moi. Je pense qu’il faut le vivre pour le comprendre.

Pourquoi le faire en ligne ? Pour le faire de manière transparente et pour vous inviter à cette introspection.

Je n’ai pas l’intention de me contenter de ce que je suis, ce que je vois, ce que je fais aujourd’hui. Je compte vivre et faire vivre ce qu’est le Libre pour moi : partage, transparence, respect, confiance, responsabilité, humilité, intégrité, fraternité, bienveillance.

Des mots que je retrouve si peu dans le Libre francophone. Où est donc passé ce Libre où on s’aidait sans demander le CV de l’autre ? Ce Libre où on construit plutôt que blablater pendant des jours sur quelle est la meilleure solution pour finalement ne rien faire ? Ce Libre où on se juge moins et où on se serre les coudes davantage. Ce Libre bienveillant et accueillant.

Voilà Cyrille pourquoi je réfléchis parce que ça c’est moi, ce que je suis, ce que je pense. On peut faire mieux, plus responsable, ensemble.

Le mal dont souffre le Libre est simple à définir, il manque que ceux qui veulent contribuer et ceux qui contribuent déjà prennent leur responsabilité, il manque la bienveillance, il manque surtout l’humilité. Je cite la définition : « L’humilité s’apparente à une prise de conscience de sa condition et de sa place au milieu des autres et de l’univers ». Le Libre que je vois n’est plus communautaire, il est insulaire, chacun retranché dans son île « Debian », « Sysadmin », « sachant », « blogueur » comme si ces territoires ne devaient avoir aucune connexion.

Le Libre est une construction collective, ceux qui mettent leur ego, leur blog, leur pensée tournés vers eux-mêmes ne font pas ou plus de Libre. Le Libre c’est être tourné vers l’autre car c’est construire ensemble, pour tous.

Alors je vous le demande où est cette grande oubliée, l’humilité ? Pensez-vous faire cette introspection vers ce que vous êtes, ce que vous faites et votre place au milieu des autres et du monde ?

Déjà 2 avis pertinents dans L'oubliée

  • Damien
    Je crois que tu as trouvé une bonne formule: Le Libre que je vois n’est plus communautaire, il est insulaire, chacun retranché dans son île.

    Dans la société, on appelle ça la solidarité et elle est mise a mal par l’individualisme.

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