Le Rainbow Warrior : la preuve qu'un gouvernement déterminé est prêt à tuer pour ses objectifs

Tout à l’heure, j’ai lu un article du Monde relatant des bouts d’interview du colonel Jean-Luc Kister, le nageur de combat qui a coulé le bateau de Greenpeace, le Rainbow Warrior, en 1985. 30 ans après, et dans une période de contestation inédite, non seulement du pouvoir, mais également du système politique et économique en place en France, ce fiasco de l’affaire du Rainbow Warrior doit nous rappeler que le gouvernement Français n’est pas notre allié, et qu’il est prêt à tout pour mener ses objectifs à bien.

Le 10 juillet 1985…

… soit il y a maintenant 31 ans, le Rainbow Warrior, bateau de l’association militante écologiste Greenpeace coule dans un port d’Auckland, en Nouvelle-Zélande. Fernando Pereira, photographe de l’association présent à bord du bateau au moment de l’explosion est tué dans l’attentat (qui, très étrangement, probablement parce que commandité par le gouvernement français, ne sera jamais qualifié de terroriste, lui…) Le Rainbow Warrior s’apprête alors à perturber les essais nucléaires français menés dans l’attol de Mururoa.

Après l’explosion, les barbouzes françaises sont rapidement arrêtées et des informations commencent à fuiter dans la presse. C’est Pierre Joxe, ministre de l’intérieur qui organise la fuite de ces informations, apparemment pour se débarrasser de son rival politique Charles Hernu, ministre de la défense. Quand on vous dit qu’ils sont prêts à tout… Charles Hernu, lui, nie l’implication de la DGSE — ptin, t’m’étonnes ! — jusqu’au 20 septembre, date à laquelle l’empilement de documents compromettants devient trop important et la dénégation trop ridicule. Charles Hernu et Pierre Lacoste, patron de la DGSE sont dégagés de leurs postes respectifs. On enfoui la poussière sous le tapis et on oublie tout. Aucun des deux ne sera traduit devant la justice pour terrorisme.

Sur l’affaire, le colonel Jean-Luc Kister affirme que le pouvoir a refusé tous les autres scénarios opérationnels proposés par la DGSE. Il voulaient couler le bateau, point.

Il y avait une volonté à un haut niveau de dire : « Non, non, il faut que ça cesse définitivement, il faut une mesure plus radicale. » On nous dit : « Non, il faut le couler. » Alors là c’est simple, pour couler un bateau, il faut faire un trou dedans. Et là, il y a des risques.

Un gouvernement ne souffre jamais aucune contestation politique

Cet attentat terroriste particulièrement abject doit nous rappeler qu’un gouvernement — particulièrement le gouvernement français — ne souffre jamais aucune contestation politique. Ce sera également ce cas en 2005, lorsque la mort de deux adolescents — Zyed Benna et Bouna Traoré — déclanchent une grande révolte populaire dans les banlieues. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur ne tolèrera aucune remise en question sur le rôle de la police dans cette affaire et surtout pas les vexations quotidiennes que les populations de banlieues dénoncent alors. Il nous livrera alors la plus désolante analyse qui soit : les jeunes de banlieue ne sont que des racailles et si ces jeunes cherchaient à fuir les contrôles de police, c’est qu’ils avaient probablement des choses à se reprocher.

Ces propos dépolitisants et ignobles seront repris en cœur par les grands médias qui s’emploieront à salir méthodiquement pendant plusieurs semaines la mémoire de ces deux gamins et à cracher au visage de nos banlieues avec le petit doigt en l’air. C’est probablement à partir de ce moment que la parole xénophobe commence à déferler sans retenue sur la France. On ne parlera plus dès lors des noirs, des arabes et de l’immigration en général que pour dénoncer des « problèmes d’intégration ». Les bavures policières qui auront lieu à cette période seront minutieusement passées sous silence et d’aucuns seraient surpris de savoir qu’aujourd’hui encore, plus de 10 ans après, des familles sont en procès avec l’État pour des violences et des meurtres policiers datant de cette époque.

Il est important pour nous de comprendre que si nous souhaitons renverser le pouvoir pour bâtir un monde meilleur et plus égalitaire, cela ne se fera pas sans heurs. Nous avons en face de nous un pouvoir extrêmement puissant, extrêmement corrompu et capable de tout pour conserver sa position. Le 8 novembre 2005, le gouvernement proclame l’état d’urgence ce qui lui permettra d’étouffer toute contestation à venir. Les rassemblements « de nature à provoquer ou entretenir le désordre sur la voie et dans les lieux publics » seront interdits. Notons que 10 ans plus tard, le vocable n’a pas changé d’un pouce.

Nous ne devons surtout pas oublier que nous sommes aujourd’hui à nouveau en état d’urgence et que le gouvernement s’apprête à le prolonger encore une fois. Nous ne devons surtout pas oublier que c’est un gouvernement autoproclamé socialiste qui a ordonné de couler le Rainbow Warrior en 1985 et que c’est aussi un gouvernement autoproclamé socialiste qui nous maintient aujourd’hui en état d’urgence permanent.

 

Sources : article du Monde, page Wikipédia dédié au scandale du Rainbow Warrior.

Déjà 2 avis pertinents dans Le Rainbow Warrior : la preuve qu'un gouvernement déterminé est prêt à tuer pour ses objectifs

  • Simple coquille temporelle :
    « … soit il y a maintenant 36 ans, le Rainbow Warrior, »

    Euh, on est déjà en 2021 ? Je dirai 31 ans. Sinon, rien à rajouter sur ton article. Tu peux effacer le commentaire après avoir corrigé cette légère coquille temporelle :)

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