Finkielkraut qui se prend des coups de pompes dans le cul, non, ça ne me choque pas

Ça y est. C’est un fait, désormais que les grands médias ont dépassé le stade de la complaisante bienveillance envers le mouvement Nuit Debout. Le plus récent incident — Finkielkraut qui se fait virer à coup de pompes dans le cul de la place de la Rep — a fait couler beaucoup d’encre.

Les nouveaux chiens de garde grognent

Dernier exemple en date, Laurent Joffrin, l’éditorialiste de gauche de droite qui s’indigne, sur le site de Libé, le journal de gauche de droite. On retrouve, dans cet article, toute la rhétorique paternaliste qui caractérise l’analyse des journalistes têtes d’affiches lorsque se produit un mouvement social ou politique :

Tout partisan sensé de cette expérience nouvelle doit dire : «Je me désolidarise sans nuances de ce comportement.»

Ce n’est pas sans rappeler la fameuse sortie de Pujadas il y a quelques années qui, interviewant un syndicaliste se battant contre une énième fermeture d’usine provenant d’un groupe qui avait, cette année encore, généré des bénéfices records, ne pense qu’à lui faire lancer un appel au calme :

On commence à être habitués, venant de la part des nouveaux chiens de garde, de ce genre de réactions condescendantes. « Nous comprenons votre douleur, mais ce serait bien de souffrir dans le calme et le silence ».

La résistance au noyautage

C’est un fait indéniable, maintenant, que le mouvement Nuit Debout bénéficiait jusque là, de la part des grand médias d’une relative neutralité, voire d’une bienveillance, c’est-à-dire, tant que la classe politique avait le sentiment que le mouvement pouvait encore être récupéré. Avec dada, nous sommes allées place de la Rep au cours des premiers jours et nous y retournons régulièrement depuis. Et nous avons vu l’ambiance autour de la place changer.

Ce qui caractérise principalement le mouvement, c’est un rejet massif des structures classiques de la politique : experts, journalistes et partis politiques. Dans les premiers jours, on annonce qu’Anne Hidalgo, madame le maire de Paris, viendra dans la soirée nous rendre visite. Les hués se font entendre. Un intervenant dénonce une tentative de récupération politique. Madame le maire a dû sentir le chausse-trappe. Elle décidera de ne pas se pointer ce soir là.

Dans les médias, on parle du mouvement comme d’un rassemblement pittoresque de bobos et de néo-marxistes. Des utopistes. Des hippies. On tourne quelques images, on se moque gentillement d’eux. On se dit que c’est encore un énième rassemblement de jeunes qui a grandi sans père et qui fait sa crise d’ados. On se sert du mouvement comme d’un prétexte : « regardez, nous sommes bel et bien en démocratie : ce n’est pas place Tien’anmen qu’on verrait ça ! »

Mais le mouvement ne faiblit pas. Jour après jour, nuit après nuit, les gens restent, discutent et débattent. Les nouveaux chiens de garde se rendent compte qu’on fait de la politique sans eux et qu’on imagine un monde sans leur présence. Depuis le début du mouvement s’organisent des actions diverses, notamment des défaçages de banques. Mais d’un seul coup, on commence à en parler dans les médias. Le ton se radicalise. On condamne fermement les « violences qui on lieu en marge d’un mouvement globalement pacifiste ». On condamne mais on reste surtout très infantilisant. Faudrait pas que le CSP+ et sa salade commencent à nous prendre au sérieux.

Mais depuis quelques jours, maintenant, la place est constamment cernée par les bus de CRS en armure et de gendarmes pour veiller sur les enfants.

Je comprends, après tout. C’est déroutant pour ceux qui, naguère, avaient le monopole de l’accès à la parole publique, de se retrouver privés de ce monopole. C’est caractéristique de ce début de XXIe siècle que les politiciens, journalistes et experts veulent encadrer tout moyen d’émancipation politique de la population. Depuis 15 ans, c’était internet qui permettait « à n’importe qui de dire n’importe quoi ». Et maintenant, les gens qui joignent les actes à la parole et se rassemblent sur des places pour débattre de la société qu’ils veulent fonder. Ils privent députés et sénateurs de leur rôle, pour qui se prennent-ils !?

La tentative de trop

Et puis Finkielkraut s’est pointé. Et je comprends vraiment pas ce qu’il est venu foutre là. Faut avouer, il aurait fait un très mauvais soldat des forces spéciales. Venir sur le terrain sans envoyer un éclaireur… S’il s’était renseigné, il se serait rendu compte qu’il représentait tout ce que le mouvement exècre : il est riche, présent dans les médias et xénophobe. Ce qui devait arriver arriva, donc, et il s’est fait virer à coups de pompes dans le cul.

Et c’est une bonne chose ! Et nous devons le revendiquer comme une fièreté !

Il est temps de renverser le stigmate et de faire comprendre à ces gens que nous ne voulons pas de cette société d’hyper-concurrence et d’hyper-individualisme dans laquelle il tentent de nous emmurer. Il est temps de leur faire comprendre que nous en avons marre d’être sages et de les écouter lancer des appels au calme. Il est temps de leur faire comprendre que leur monopole d’accès à la parole publique, c’est de l’histoire ancienne et que, s’ils veulent se pointer à la place de la Rep, c’est à eux, désormais, de se conformer à notre monde.

 

Déjà 2 avis pertinents dans Finkielkraut qui se prend des coups de pompes dans le cul, non, ça ne me choque pas

  • Finkie, c’est le mec réactionnaire qui méprise la jeunesse, le peuple qu’il appelle la foule d’ailleurs, depuis 30 ans ! Qu’attendait-il en se rendant sur cette place ? Quelle vieille ordure.

    Maintenant, il va aller pleurer sur France Culture, Europe 1, BFM, Le Point, Valeurs Actuelles… qu’il est victime de censure. Quel temps perdu, quel contre feu dans l’actualité.

    Il faut écouter Thomas Guenolé à son sujet pour comprendre la stratégie de ce mec.

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