Mes années en école d'ingénieur : un bilan mitigé

Si tout se passe bien, je serai, à la fin de l’année, ingénieur diplômé d’une grande école. Et vous savez quoi ? Je suis déçu. Non d’être diplômé — j’ai conscience d’obtenir un sésame qui me permettra de m’en sortir mieux que la moyenne des travailleurs au cours de ma carrière — mais d’avoir l’impression, au final, de n’avoir pas appris grand-chose. Cela tient à plusieurs raisons et le fait que je su, a priori, ce que l’on s’apprêtait à m’enseigner est bien la dernière d’entre elles. Alors qu’est-ce qui a pu si mal se passer au cours de ces trois ans ?

Les cours de merde

L’écueil de toutes les écoles d’ingénieur. Je ne peux pas leur en vouloir, c’est un pré-requis pour obtenir le droit de distribuer des titres d’ingénieur. Toute école doit dispenser un certain nombre d’heures de cours appelés sciences humaines. Et souvent, c’est la foire au bullshit bingo le plus intégral. Tout y passe : management, communication, innovation, anglais en contexte international… Il est important, jeunes étudiants, que vous sachiez communiquer, autrement dit, que vous sachiez parler comme le désire le capitalisme.

J’avais déjà dénoncé ces pratiques dans un de mes premiers articles. Et n’allez pas croire que là s’exprime un techos autiste qui ne sait que cracher du code et ne comprend rien à la comm’. Non, le pire, c’est que, la plupart du temps, je suis bon dans ces cours. Connaître les rouages du système néo-libéral, ça aide pas mal à parler son langage. Mais au final, de ces heures ne me reste que le sentiment amer d’un temps considérable perdu en gesticulations futiles…

Les profs ne sont pas bons

Une source d’étonnement constant pour moi. Encore et encore, les écoles tombent dans ce piège. La moitié des cours techniques sont confiés à des intervenants extérieurs dont le métier principal n’est pas de donner des cours. Sauf que je vous livre un scoop : que quelqu’un soit bon techniquement n’en fait pas un bon prof. Et c’est ainsi qu’année après année, se succèdent les intervenants qui sont très bons dans leur domaine mais qui ont le charisme d’une huître séchée et le talent d’explication d’un perroquet mort. Avec ça, on va pas loin…

Et le truc, c’est que tu le repère dès le premier cours que ça va déraper, c’est conneries là… Systématiquement, au bout de 25 minutes, ces profs ont perdu 75% de la classe et se joue alors une pièce pathétique au possible dans laquelle le prof ne fait plus cours qu’aux 6 du premier rang pendant que le reste de la classe vie sa vie comme dans un bar.

Les supports de cours inexploitables

Être prof ne s’invente pas. Écrire de bon supports de cours non plus. Et dans se domaine, il est tellement facile de se planter que la plupart des supports de cours qui nous aura été distribué ces trois dernières années n’aura été bon qu’à allumer le barbecue. Le problème, c’est que les profs s’imaginent qu’ils peuvent écrire le même support à la fois pour le vidéo-projeter et le faire imprimer pour nous le distribuer. Il en résulte toujours un support bâtard qui présente trop de contenu pour qu’une vidéo-projection serve à quelque-chose et trop peu pour pour représenter un cours consistant. Au final, le support papier finit à la poubelle tellement il est inexploitable.

Si j’ai un message à faire passer au profs : laissez tomber PowerPoint. C’est une idée de merde. Si vous souhaitez vraiment écrire un support, utilisez un traitement de texte[1] faites de vraies phrases, de vraies sections, de vrais chapitres. Ah oui : laissez aussi tomber le support écrit à la main et photocopié. De toutes façons, la plupart d’entre-vous n’a pas une écriture suffisamment belle pour que le support soit agréable à relire. Dans l’idéal, un support de cours présente deux propriétés : être une transcription extensive du cours et être structuré de manière suffisamment intelligente pour qu’il puisse être relu en diagonale. Ça signifie que le texte doit-être suffisamment aéré et scindé en paragraphes qui permettent de comprendre la structure logique du cours en un coup d’œil.

C’est fou, en fait, à quel point la plupart des profs que j’aurai eu ne sait pas écrire un cours. Et pourtant, le support de cours est une nécessité pour certains élèves, notamment ceux qui, comme moi, présentent un TDA/H. Oui, il faut arrêter de croire cette idiotie selon laquelle « on apprend mieux en écrivant le cours ». Ça ne marche que si l’élève est disponible à 100% pendant le cours.

Et ça n’arrive jamais.

Les exercices et TP à la con

Non, ce qui permet vraiment d’apprendre, c’est la pratique. Tu peux réécrire tous les cours d’equa diffs que tu veux, à un moment, si t’en fais pas toi-même un minimum, tu ne sauras jamais faire. Faire réécrire le cours, ça sert à que dalle. Ce qui est utile, ce sont les exercices. Et là encore, c’est lamentable le nombre de profs qui se vautrent sur la manœuvre. Le top du top, c’est le prof qui n’a pas préparé son corrigé d’exercice à l’avance et qui s’imagine qu’il peut faire la correction en live.

Non. C’est une idée stupide.

Et quand l’exercice à corriger, c’est un développement limité d’une dérivée triple, ça donne de fabuleux moments de what the fuck. Alors vu de l’extérieur, c’est plutôt poilant de voir un prof se rétamer sur son propre exo. Mais vu de l’intérieur, tu sais que tu sera interrogé sur cet exo à l’examen et tu te retrouves avec une correction inutilisable parce que le prof t’a paumé vers le milieu. Du fun en barre…

Mais le fin du fin, c’est le prof qui te fait un cours sur un sujet, un TP sur autre chose, et propose un sujet d’examen qui porte entièrement sur le petit truc que tu croyais complètement anecdotique lors du premier cours, que t’as pas couvert durant les TP qui, du coup, t’ont servi à  rien. Ouep, on me l’a fait.

C’est mon prof d’algo qui est spécialiste de ça. Lors de ces cours, on voit les principes généraux des algo. Puis, en TP, il nous demande d’implémenter l’algo dans un langage sur lequel on n’a jamais eu de cours — en 2 ans et demi, quand-même — tout ça pour qu’au final, le sujet du contrôle, ce soit de calculer la complexité algorithmique du machin. Pour résumer : en cours, on fait de l’algo, en TP, on fait… heu… Et en contrôle, on fait de l’algèbre….
Bon, au bout de trois ans, tu choppes le coup, les TP, de toutes façons, tu les fais même plus parce que tu sais que t’auras pas à les rendre, que le contrôle ne portera pas dessus et que, de toutes façons, si t’arrives au bout, tu seras incapable d’expliquer comment tu l’as fait.

Pour vous situer un peu, imaginez que vous êtres en médecine. Durant un cours, vous voyez la division cellulaire et la vie intra-utérine. La semaine suivante, c’est TP, sauf que là, vous passez direct au bloc et on vous demande de faire une césarienne. Si, par chance, vous réussissez à ne pas tuer à la fois la mère et l’enfant, de toutes façons, rien à foutre parce que l’examen portera sur la production des gamètes au sein des gonades.

Où nous mènent toutes ces gesticulations ?

Tout ça m’amène à la conclusion que la pédagogie, dans les études supérieures, est complètement à l’abandon.

Mais pourquoi continue-t-on dans la même voie, alors ? Hé bien c’est là que ça devient politique. Si les études supérieures ne sont pas là pour nous enseigner, c’est qu’elles sont là pour autre chose. Et c’est Bourdieu qui nous en donne la réponse : l’école sert à diviser ceux qui y arrivent de ceux qui n’y arrivent pas.

Vous voyez, dans une école normale avec une bonne pédagogie, personne, ou presque, ne devrait ne pas y arriver. L’école fait ce qu’elle peut, s’adapte, change de méthode et recommence, mais au final, l’élève y arrive. Le fait que des élèves sortent du système scolaire avant ou pendant les études supérieures n’est pas le signe de leur propre échec. C’est le signe de l’échec de l’école et de sa pédagogie. Que peut alors signifier, dans un pays qui se prétend développé le chiffre de moins 30% de la population diplômés du supérieur ?

Un échec éclatant des politiques d’éducation.

D’ailleurs, le fait que des écoles recrutent sur dossier et concours et l’existence même du baccalauréat, sont le signe évident de cet échec. Car dans un système où l’on considère que tout élève doit réussir — et où l’on fait tout pour ça , alors il n’est plus nécessaire d’instituer un diplôme puisque tous — ou presque — finiront par l’avoir.

Et l’entrée sur concours est encore plus révélateur : si l’on considère a priori que tout élève ne peut pas réussir et qu’il faut sélectionner ceux qui ont le plus de chances, alors c’est que l’on ne croit même pas à sa propre capacité à enseigner et que l’on démissionne par avance. L’école n’agit pas comme une école mais comme un filtre.  Le but n’est plus d’apporter coûte que coûte un enseignement à l’élève mais de sélectionner, au fil de l’eau, ceux qui ont déjà, et par avance, les capacités pour aller au bout.

C’est à dire ceux qui sont les plus conformes au système en place.

Et c’est la que se révèle le rôle caché de l’école que Bourdieu a mis en évidence dans les années 60 : le confirmateur primaire des rapports sociaux dans lequel certains se révèleront légitimes à occuper un rang dans la hiérarchie sociale et les autres, pas. La fameuse litanie :

Si tu as un boulot de merde aujourd’hui, c’est parce que tu n’as pas assez travaillé à l’école.

Dans cette phrase se cristallise le triomphe le plus éclatant du néo-libéralisme, l’idée qu’il suffit de travailler, qu’en tant qu’êtres libres et auto-déterminés, nous faisons des choix éclairés, nous choisissons ou non de travailler à l’école et que seul notre travail, notre mérite déterminent notre sort final.

Notre aliénation collective.

Notes de bas de page :
  1. Je ne demande même pas de LaTeX, ce serait trop beau

Déjà 12 avis pertinents dans Mes années en école d'ingénieur : un bilan mitigé

  • Comme d’hab, t’es un peu trop dans la dichotomie…

    Oui, il faut arrêter de croire cette idiotie selon laquelle « on apprend mieux en écrivant le cours ».

    Bah pourtant, c’était globalement mon cas : si je veux apprendre un truc, il faut qu’à un moment ou un autre, je l’écrive. J’ai toujours trouvé moyen de faire ça en même temps que de discuter un peu avec les autres. Mais j’ai pas eu l’impression d’avoir de mauvais profs. Moyens on va dire. Donc peut être qu’ils avaient un bon rythme: ni trop lent, ni trop rapide.

    Vous voyez, dans une école normale avec une bonne pédagogie, personne, ou presque, ne devrait ne pas y arriver.

    C’est oublier que certains n’ont pas les capacités, mentales, intellectuelles et autres, d’être ing’, medecin ou autre… Et inversement un ing’ fera un très mauvais travailleur manuel pour la bonne raison qu’un ing’, c’est un intellectuel.

    Le fait que des élèves sortent du système scolaire avant ou pendant les études supérieures n’est pas le signe de leur propre échec. C’est le signe de l’échec de l’école et de sa pédagogie.

    Oui, mais…

    Peut être aussi le signe que certains se tournent royalement les pouces ? Pas tous hein. Un certain nombre. Je l’ai vu. Le type glande, ou autre, ou demande une explication déjà donnée, ou… Le pompon, c’est quand moi, étudiant, je me suis énervé quand un autre étudiant a demandé le support de cours (qui avait été donné) et j’ai pensé « on t’a donné le support de cours, t’étais là PENDANT le cours, t’as pû poser des questions, et tu dis que t’as pas encore assez d’info ? Tu veux que le prof couche avec toi ? ».

    Et l’entrée sur concours est encore plus révélateur : si l’on considère a priori que tout élève ne peut pas réussir et qu’il faut sélectionner ceux qui ont le plus de chances, alors c’est que l’on ne croit même pas à sa propre capacité à enseigner et que l’on démissionne par avance.

    Ou alors c’est qu’il faut effectivement AUSSI une selection. Et selection ne veut pas dire mise à l’écart. Ça veut dire que le type qu’es plus doué pour les maths et la science peut aller en école d’ing quand le type qu’est doué pour la biolo mais pas pour les maths peut faire médecine. Qu’à contrario le type qui n’y comprends que dalle là dedans peut aller voir ailleurs, par exemple chez les juristes.

    Qu’enfin, il y a une limite : tout le monde ne peut pas faire médecine, ing’ ou juriste. On a pas la place, les moyens ou la nécessité.

    J’ajouterais par contre un truc que tu n’as pas signalé à mon grand étonnement : le rôle (indirect et involontaire) de reproducteur social de l’école française.

    Le recrutement sur concours, c’est le recrutement au mérite. Basé strictement sur tes notes. Hors, il y a souvent un entretien, qui ressemble furieusement à un entretien de recrutement. Et là, ce qu’on teste, c’est ton aisance sociale, ta capacité à t’exprimer. Et qui a une bonne capacité à s’exprimer ? Les fils de cadres, d’entrepreneurs, de grands pontes… Je suppose que ce schema se retrouve ailleurs, dans d’autres endroits du processus. Là pour le coup c’est môche !

    Ton article comporte donc une série de points qui me paraissent trop raccourcis. Même si, grosso modo, je comprends ta frustration.

  • Peut être aussi le signe que certains se tournent royalement les pouces ?

    Bon, alors celle-là on me la fait à chaque fois. À chaque fois elle me fout en boule. Mais là, j’ai pas envie. Alors je me contenterai d’une réponse lapidaire. Désolé, Stéphane, je t’aime beaucoup par ailleurs mais ce que tu dis là, c’est de la merde. En toute amitié, hein. Comment veux-tu qu’un gamin de 15 ans se tourne royalement les pouces ? T’as pas lu la fin de l’article ou bien ?

    Mais le font pourtant ! Et allégrement !

    Alors bien sûr le …

    Si tu as un boulot de merde aujourd’hui, c’est parce que tu n’as pas assez travaillé à l’école.

    … c’est pas vrai tout le temps. Je dirais que c’est vrai dans 20 % des cas peut-être.

    Mais au final, y a 50 % du temps, c’est des gamins qui foutent rien, qui travaillent le minimum syndical pour passer l’exam’ et qui gènent les autres (d’ailleurs c’est donc pas forcement ceux qui sont en echec scolaire). Au final, dans ces 50% y en a la majorité qui va passer limite, et se retrouver avec un job merdique ou autre parce qu’ils veulent pas se démerder. Et il a donc ma tranche basse de 20 % qui échouent.

    nous choisissons ou non de travailler à l’école et que seul notre travail, notre mérite déterminent notre sort final.

    On notera bien que je n’ai pas dit que c’était ça. Je dis que ce n’est pas QUE ça. Qu’il y a des gens qui méritent d’aller plus haut mais que l’école ne leur permet pas, tandis que d’autres ont le privilège inverse. Que…

    Sinon, comment tu expliques que les élèves en echec scolaires sont ceux qui bossent le plus ? Si c’était qu’une question d’effort, les élèves en échec scolaire, ça n’existerait pratiquement pas.

    Et pourtant ! Si c’est ceux qui sont en echec sont ceux qui bossent le plus, c’est bien que les profs sont incompétents, tout ce que tu veux…

    Mais aussi que certains des élèves en question n’arriveront jamais à comprendre la logique d’une équation ou autre. C’est pas vraiment une question de mérite là, mais de capacité mentale, intellectuelle. De comprendre aussi que le type ne pourras jamais faire ça. Qu’au contraire il faudrait valoriser d’autres de ses compétences. Seulement comme la société est hierarchique, on percute pas qu’il pourrait s’épanouir aussi dans un travail PAS intellectuel. Non, si t’es pas au sommet de la pyramide tu as moins de valeur. Et ça, ça me mets en rage !

    Maman a essayé de faire passer son bac à ma soeur comme une forcenée. Laisse tomber ! Aujourd’hui elle est serrurier.

    J’ajouterais par contre un truc que tu n’as pas signalé à mon grand étonnement : le rôle (indirect et involontaire) de reproducteur social de l’école française.

    Hmm…

    Et c’est la que se révèle le rôle caché de l’école que Bourdieu a mis en évidence dans les années 60 : le confirmateur primaire des rapports sociaux dans lequel certains se révèleront légitimes à occuper un rang dans la hiérarchie sociale et les autres, pas.

    Tu as présenté l’argument différemment. D’où ma remarque.

    Le recrutement sur concours, c’est le recrutement au mérite. Basé strictement sur tes notes.

    Le mérite, ça n’existe pas. Les contrôles ne testent que la capacité à passer des contrôles.

    Les contrôles vérifient que tu sais passer un contrôle… et résoudre une équation ! Et ça, ça s’apprend, faut le travailler, si tu sais pas le faire de tête. Donc en gros, les concours selectionnent, de manière impartiale, les plus à même de passer. Que le gars soit issu d’une famille bourge est de peu d’importance ici : il passe. C’est darwinien. Si il était issu d’une famille pauvre mais qu’il avait un talent inné pour la chose, il passerait aussi ! Et c’est ça qui est important ! Si au contraire, le gars a dû travailler comme un abruti pour passer, qu’importe.

    Encore une fois, je dis pas que le travail fait tout. Juste que dire que le mérite ça n’existe pas. C’est excessif.

    C’est ça, biens plus que l’aisance sociale qui différencie riches et pauvre. Pour les riches, l’accès à la culture est plus facile et de loin.

    Pourtant tu peux aller à la bibliothèque municipale, t’as internet… Si tu veux te cultiver, tu peux. On est d’accord pour dire qu’il y a des inégalités d’accès à la culture. Mais il y a quand même des possibilités. Par contre, l’aisance sociale, c’est long à acquérir, et ça s’acquiert auprès de qui ? hum hum…

    Je crois avoir fais le tour de la question. La conclusion c’est encore une fois :

    Ton article comporte donc une série de points qui me paraissent trop raccourcis.

  • MisterPaytwick
    Augier, je suis désolé, mais on va rectifier quelques trucs:
    Dans les années 60 arrive un type avec une analyse somme toute correct du système en place: « Les classes favorisées ont l’avantage dans le système éducatif existant, notamment car à la maison, on s’occupe de les suivre, on parle un meilleur français, etc… »

    L’analyse est en soit correct. Est-ce son côté marxiste? Peut-être en tout cas, il a changé de bord avant la fin du bouquin, ce qu’il décrit n’est ni plus ni moins que le parangon de l’école néo-libérale (On le sait, à l’époque, les américains venaient de passer à un tel système, on a la preuve que c’était une catastrophe, et Bourdieu nous ressort la même pour la France?). Là où tout part en couilles, et tu pourra le constater en lisant L’enseignement de l’ignorance de Jean-Claude Michéa, c’est qu’on a donné raison à Bourdieu.

    Effectivement, la solution, c’est de supprimer l’avantage, hein, tirer vers le bas, de sorte qu’un élève quelque soit son niveau social soit autant dans la merde que son voisin. Ben oui, tirer tout le monde vers le haut, c’est plus dur, plus couteux, et en plus ça demanderai de vrai réforme, pas de découper l’école en petit bout et de prévoir de la refiler au système privé (Et là, c’est la fin absolu du gentil Bourdieu, ce qu’il préconise est l’engrais, que dis-je, le terreau même des inégalité: si tu as du pognon, tu as une bonne école*). Or depuis 30 ans, on forge, non on démonte pièce par pièce avec une précision exceptionnel la machine qui, pour ce quel était d’une école de mérite, au moins marchait.

    Maintenant, on est dans un système où l’on apprend sciemment aux élèves d’être des branleurs, d’être des grandes gueules, intouchables car « cela nuis au développement de l’enfant ». Ce a quoi l’on combine des bêtises sans nom, venant notamment du côté de Bourdieu comme le fait que l’école doit être exclusivement ludique.

    Alors que de par la définition du jeu et de par le rôle de l’école, cela n’est possible qu’en annihilant purement le rôle normal de l’école. Bien sûr qu’il est difficile pour tout prof de secondaire de faire cour, surtout quand une bonne partie de ses élèves sont le fruit direct de ce système pourri.

    Alors oui, des élèves même en secondaire se tournent les pouces, je sais je l’ai fait alors que j’adorais ma branche, mais on leur a appris. Et encore, j’ai de la chance d’avoir des parents ayant cherchés l’amélioration, je ne suis ni grossier ni violent (pas réellement). Des élèves dans le secondaire on rien a foutrer des cours et s’étonne de ne pas réussir, on leur a aussi appris (notamment puisque tout le monde doit avoir le bac, son niveau est tiré vers le bas, et donc c’est normal de l’avoir, c’est donc aussi normal pour l’élève d’avoir tout les diplômes qu’il cherche à avoir, encore une superbe réussite, on apprends aux élèves que les diplômes s’achètent finalement -puisque je rentre dans l’école X, j’aurai le diplôme X-)

    Maintenant, sur un note un peu plus drôle (nan, en fait, pas du tout), je tiendrai à rappeler à quel point il est difficile d’être professeur. Comptons pour chaque heure de cour un minimum d’une heure de préparation. À cela s’ajoute toute les nouveautés des hexagonaux (lire techno-novlangistes comme nos amis ministres), résultant en cours interdisciplinaires où on compte sur le prof pour connaitre la matière de son collège, sans heures arrangées, sans carotte au bout, sans rien du tout comme soutient, juste parce que « hein, c’est normal, vous êtes profs ». Où encore les lubies de l’administration « Il est 9h et toi, gentil prof, tu viens d’avoir ton heure de 14-15 à 11-12, quoi tu dois manger? tu dois te soigner? tu n’as pas les nerfs? ben ferme ta gueule, c’est pareil! ». Et il n’est pas facile, ni de tenir une classe ni d’arriver à diriger un cours, alors arriver à adapter son suivi aux élèves, le cul entre deux chaises, c’est un poil difficile.

    Donc Augier, si tu te plains de cette forme de l’École**, je crois que la solution, ou en tout cas la base de l’amélioration, serai de 1) ne pas croire que tout le monde doit réussir, c’est faux, c’est déclarer que tout le monde est bon dans tout, or c’est faux, il y a des prédispositions, de la volonté d’apprendre d’autres choses que les centres d’intérêts personel, et beaucoup de compréhension qu’il faut sans quoi on pourra te marteler autant qu’on veut une info, tu la bitera pas plus. Et pour les gens qui ne sortiront pas du lot? Et bien personnellement, j’aurai préféré ne pas avoir à essayer le secondaire, juste avoir une bonne formation professionnalisante.

    2) arrêtez la destruction systématique de l’appareil national d’éducation
    3) arrêtez l’administration, donc le premier objectif est uniquement l’auto-entretien***

    Parce que rien que ça permettrait de redresser la barre, ça permettrait aussi à des gens vraiment dans la merde**** d’en sortir parce qu’ils veulent avoir plus que leur merde, car soyons réaliste, il est évidant que l’École basée sur la sociologie de Bourdieu est un échec. La solution n’est pas de tirer vers le bas l’ensemble. D’ailleurs, tirer vers le bas, c’est exactement comment ça qu’on nique, tout qu’on creuse les inégalités, qu’on nourri un système pourri.

    *: Dixit mon papa, prof depuis 35 ans: « Bourdieu fait parti des rares personnes a mérité de passer par les armes. »

    **: Beaucoup d’exemples sont directement du vécu par mon papa en ZEP ou par moi. Et si une bonne partie concerne le primaire (collègue-lycée), il est indéniable que ce système est étendu aussi au secondaire, notamment concernant les élèves puisque une fois qu’on apprend un truc, n’est-il pas difficile de le désapprendre ou juste de combattre une vieille habitude?

    ***: Dans l’établissement de mon vieux, ils ont le cahier de texte, de note et autre sur un serveur. Durant les vacances, l’administration a changée de box et de forfait internet. Mais au lieu de remettre la nouvelle box dans l’armoire où était l’ancienne (dans la salle du serveur, dans le genre logique), ils l’ont fait installer dans la salle du concierge, alors l’administration a internet, mais le reste du bâtiment, ben il manque le câble réseau (on parle de quelques dizaines de mètres)

    ****: Quand tu vois une Zone d’Éducation Prioritaire, tu sais que tu es verni.

  • Il y’a des choses que l’on ne peut apprendre qu’a l’école. Je te vois te plaindre de la complexité algorithmique, et j’ai envie de te dire que je n’ai jamais rencontré, durant mes 10 ans d’experiences professionelles, jamais rencontré un développeur qui pense a calculer le Big O avant d’écrire son code. Un ingénieur, oui, mais un développeur jamais..
  • mickaël andrieu
    « Systématiquement, au bout de 25 minutes, ces profs ont perdu 75% de la classe et se joue alors une pièce pathétique au possible dans laquelle le prof ne fait plus cours qu’aux 6 du premier rang pendant que le reste de la classe vie sa vie comme dans un bar. »

    C’est parce que tu considères – à tort – que c’est le rôle d’un intervenant extérieur de faire la police, ce qu’ils ne feront jamais. Comportez vous en adultes que vous êtes et non en gamins de 12 ans. Les 6 élèves qui suivent bizarrement, c’est ceux qui sortent avec le meilleur salaire à la sortie.

    (J’ai été élève en école d’ingé et je suis maintenant formateur)

  • J’espère juste un jour que tu devras faire professeur, et que tu pourras relire tout ce que tu as mis ici.

    Tu ne réalise juste pas que pour un intervenant extérieur, le temps passé à préparer les cours c’est du 4 pour 1.

    Et comme on t’a appris – il semblerait contre ton gré – un peu de compta, tu devrais te rendre compte que se vendre 5 jours à 60 euros de l’heure, tarif courant, ça fait 480 * 5 soit 2400.

    Comme on t’as appris – il semblerait contre ton gré – comment fonctionne une entreprise, tu dois savoir que sur 2400 euros, il y a 48 % de charges et grâce à not’bon président ça risque d’augmenter. Donc, en gros, tu divise par deux.

    Donc pour donner une semaine de cours à des élèves comme toi, il faut donc accepter de bosser un mois et une semaine pour 1200 euros nets.. Et t’es pas content parce que tes cours sont pas assez préparés ?

    Est-ce que tu vois où je veux en venir, ou la aussi il faut te prendre par la main et te l’expliquer ?

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