Burn baby burn

La passion est un moteur. La passion dévore. La passion enchaîne.

Je suis un passionné. Passionné par l’informatique, par mon job de sysadmin, par Linux. J’ai sacrifié de l’argent, du temps, de l’énergie pour ces passions. Beaucoup. Énormément. Trop ?

Avoir une passion est une chance et un fardeau, pas un choix. Ça ne se décide pas, ça ne se décrète pas. Essayez d’avoir une passion pour l’aviation en vous réveillant demain !

Je quitte un job où j’avais tous les avantages possibles. Vous pensez que mes proches me comprennent, qu’ils me soutiennent ? Si je quitte ce job c’est pour assouvir ma passion, donner à manger à cet ogre insatiable. Elle fait partie de moi, c’est moi. Ce n’est pas moi qui la guide, c’est elle qui me contraint et m’enchaîne. Vous pensez qu’avoir une passion pour les pin’s est utile, bénéfique ? Que cela va nourrir votre famille ?

La passion est égoïste, elle rend égoïste. Terriblement égoïste. Je préfère tapoter des commandes sur Linux que profiter de mes proches. Vous trouvez ça enviable, noble ?

Être passionné ne fait pas de vous quelqu’un de meilleur qu’un autre mais quelqu’un de différent. La différence est une chance mais dans ce monde elle exclut davantage qu’elle inclut.

J’ai eu un entretien pour un job. LE job. Administrateur Système Linux dans une équipe de passionnés, autrement dit la somme de mes passions entouré d’autres individus comme moi. Toute logique a disparu. On me demanderait d’y aller en tutu, je le ferais.

La passion c’est dangereux. Certains pensent qu’on peut la contrôler, la diriger. Éteindre un feu avec un bidon d’essence est une très mauvaise idée.

Burn baby burn.

Déjà 4 avis pertinents dans Burn baby burn

  • A1
    À rapprocher de la définition moderne de la « liberté », à savoir « pouvoir vivre ses passions sans entraves », par opposition à la définition historique : « vivre affranchi de ses passions » (et ainsi du déterminisme auquel elles nous condamnent). Une passion dont nous ne souhaitons pas nous affranchir nous transforme en arc réflexe qui est parfois adéquat, parfois pas, et toujours davantage en lien avec l’ego qu’avec le monde autour de soi. C’est une modalité monomaniaque d’interaction avec le monde et avec soi. Une passion dont nous souhaitons nous affranchir est celle qu’après distanciation, nous pouvons choisir. Choisir de la vivre de temps et temps et collecter ainsi les perles, tout en sachant faire les efforts nécessaires le reste du temps. C’est une forme de pragmatisme par la discipline qui permet une meilleure adéquation au réel qu’implique l’existence. C’est pour cela qu’il est catastrophique que la novlangue actuelle fasse à ce point l’apologie de la passion. Voire d’une passion dévorante. Invoquer la passion pour susciter la motivation est un jeu dangereux : sans doute très efficace sur le plan « projet », mais possiblement catastrophique sur le plan « humain ». Que chacun arbitre ce risque. C’est de réflexivité qu’il y a besoin: devenir soi-même arbitre de ses passions, un premier pas vers devenir sujet.
  • « Être passionné ne fait pas de vous quelqu’un de meilleur qu’un autre mais quelqu’un de différent. La différence est une chance mais dans ce monde elle exclut davantage qu’elle inclut. »

    Tellement vrai malheureusement, surtout avec des passions orientées techno. Un passionné de foot ne se posera pas cette question par exemple.

    Personnellement, je ne me sens pas meilleur qu’un autre qui n’a pas de passion, mais plus épanoui oui, sûrement.
    Je connais tellement de monde qui attend que le week-end passe devant la télé ou Facebook, je me sens privilégié d’avoir une passion. Chronophage pour sûr, haïe parfois par mes proches, alors j’essaye les concessions, mais rien de plus difficile pour un passionné.

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