300

C’est mon 301ème article en vérité. C’est assez ironique de voir que j’ai ressenti le besoin de publier La haine avant cet article. C’est révélateur de comment je ressens le net en ce moment et c’est bien triste.

Distanciation

J’utilisais la phrase « Écrire pour soi, publier pour les autres » auparavant.
A présent c’est « Écrire avant tout pour soi, publier pour les autres éventuellement ». Distance/Poids, Direction/Intensité, Asymétrie.

J’ai tendance à définir ce que je fais sur ce blog comme écrire alors que c’est publier. Je ferai dorénavant attention d’utiliser le bon mot. Je n’ai pas beaucoup publié ces derniers temps mais j’ai continué à écrire. J’ai écrit des articles que je ne publierai pas. J’ai compris que ces processus étaient différents et que leurs fonctionnements/règles me laissaient davantage de latitude.

Le mot Distanciation me semble le plus adéquat : Recul pris vis-à-vis de ce qu’on dit, de ce qu’on fait, de ce qu’on montre (CNRTL). Fait de créer une distance entre soi et la réalité (Larousse).

Je me garde des articles pour moi. A priori on pourrait trouver ça égoïste ou stupide mais écrire et publier ont peu de choses en commun au final. Publier du latin publicare (« rendre public ») est un acte en direction des autres.

L’écoute, l’écriture et la publication

On a tendance à placer l’action de l’écoute par rapport à une autre personne. Pourtant on devrait avant tout s’écouter soi-même.

« Le problème n’est pas urgent, c’est en parler qui est urgent pour la personne ». Nous sommes des êtres communicants. Régulièrement on a envie/besoin de s’exprimer. On laisse des commentaires sous le coup de la colère, on parle de notre life sur Facebook, on partage un article qu’on a apprécié.

« Ce n’est pas de parler qui est dangereux, c’est de ne rien dire (et rester dans ses idées « figées ») ». On a 3 grands choix comme réaction : Se taire, s’exprimer, publier. Assurément le pire est de se taire en laissant pourrir ce que l’on pense voire ce que l’on est. On peut s’exprimer en privé. J’ai compris qu’à la lecture d’un article qui m’énerve je pouvais y réagir « en silence » via l’écriture, en écrivant la réponse que j’aurais fait, ce qui me choque dans l’article, mes arguments/idées. Ainsi je réagis, j’écoute mon envie/besoin de m’exprimer et ma colère, on a parfois besoin que les mots sortent cependant ma réaction reste privée. Enfin publier via commentaire/article/vidéo est un acte en direction des autres. Cet acte public provoquera à son tour des réactions mais externes et incontrôlées par rapport à soi.

« Ne pas être dans la réaction (réagir). Ne rien dire vaut toujours mieux que dire une connerie ». On peut être dans la réaction et ne rien dire (publiquement), on peut écrire pour soi.

« Les mots font leur chemin. Il y a des phénomènes de résistance, il faut qu’on digère (le temps) ». J’ai écrit cela en pensant à la lecture d’un article. Il faut digérer les mots/idées. C’est la même chose pour l’écriture. Trouver les bons mots est un exercice excessivement difficile, se rapprocher de son idée au plus près est très long. L’écriture marque une étape en formulant une idée, l’idée passe à un état solide, je peux la conserver. En écrivant je garde un instantané (comme une photo) de comment je pensais à un instant t. L’échange avec d’autres personnes (via la publication notamment) permet d’affiner son idée, la confronter aux arguments du monde.

Le frigo

Mon meilleur ami vend des voitures. Il m’a un jour fourni l’explication de « faire du frigo », pratique courante dans son métier. En tant que vendeur il a chaque mois des objectifs et si il les atteint, il a des primes qui sont débloquées. Ainsi si il vend 10 voitures dans le mois, il a une prime de 300 euros supplémentaires. Cette prime n’est pas plus importante si il fait 12 ou 14 voitures par mois. Du coup il fait du frigo. Il passe ce surplus de vente sur le mois suivant ce qui lui permet d’atteindre plus facilement son objectif du mois à venir et de toucher sa prime.

Depuis très longtemps j’ai un dossier Frigo sur mon pc où je dépose mes articles terminés prêts à être publiés. Ce dossier me servait de réserve/frigo quand je souhaitais publier un article mais que je n’avais pas le temps (ou l’envie) d’en écrire un. En gros je tapais dans ma réserve avec comme objectif de maintenir un article par semaine au minimum.

Au fil du temps ce dossier Frigo est devenu le dossier accueillant mes articles « au frigo », « en train de se reposer ». On « laisse reposer » la pâte, on « laisse vieillir » le vin. Je laisse les mots faire leur chemin et le temps faire son oeuvre. Je reviens quelques jours après relire l’article à froid, est-ce que j’en suis satisfait ? C’est rare alors je retouche l’article. Il se bonifie jusqu’à ce que j’en sois satisfait et que je ne lui trouve plus de défauts importants, je le publie. J’ai actuellement deux articles au frigo.

Je suis passé d’une logique d’objectif à atteindre à une logique de qualité à avoir. Un article sort lorsqu’il est prêt, à la Debian. Ces articles sont plus complets, denses, travaillés. Enfin c’est seulement quelques-uns, je m’autorise toujours à écrire comme je veux ;)

Rythme

Il ne sert à rien de s’imposer d’écrire, ça ne fonctionne pas c’est contre-productif, il faut écrire quand on en a envie/besoin.

En 2015/2016 je publiais deux articles par semaine en moyenne. C’était une sorte de rythme, comme du sport. Je visais tel un objectif à atteindre une moyenne de deux articles comme certains sportifs visent une certaine performance.

Récemment je me suis rendu compte que ce rythme était trop élevé pour moi. Je suis passé d’une vision presque sportive/performance de l’écriture à une vision humaine/écoute. J’écris plus souvent maintenant, je note les idées avant qu’elles ne s’envolent. L’acte de publication est totalement chamboulé, je publie quand j’en ressens l’envie et/ou le besoin.

Merci

Je ne pensais pas arriver à 300 articles. Au début je ne pensais même pas que bloguer allait « rester » chez moi, je voulais juste voir, tester. Dernièrement lorsque j’ai écrit Mon Internet est mort je ne pensais pas arriver jusqu’à ces mots. Tant mieux. Mon premier article date du 22/09/2014. Tempus fugit.

Je ne vais pas nommer de nouveau tout ceux qui font que j’en suis arrivé là, on risquerait de me taxer de Toutamour : Lecteurs, compagnons de route, amis. Je vais juste dire que je vomis ce que le net est devenu mais je me réjouis de voir tant de personnes respectueuses, bienveillantes, constructives autour de moi. Merci.

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