Cyber-humanité

J’étais en train de relire la Déclaration d’indépendance du cyberespace de John Perry Barlow et je me faisais la réflexion que finalement tout cela revenait à projeter des idées/valeurs humaines dans un outil. L’outil allait permettre un nouvel espace social global au-delà des frontières et des lois, de la physique des corps.

« Nous pensons que c’est à travers l’éthique et l’intérêt bien compris de chacun et de la communauté dans son ensemble que va surgir notre mode de gouvernement. Nos identités sont probablement dispersées à travers un grand nombre de vos juridictions. La seule loi que toutes les cultures qui nous constituent seraient prêtes à reconnaître est la Règle d’Or de l’éthique ». L’éthique comme Règle d’Or et comme loi (à mettre en parallèle avec la méritocratie dans le monde du libre). Là je vais me permettre une incartade, combien d’informaticiens totalement à côté de ces réflexions/préoccupations ? Je code/déploie d’abord et je réflechis après, nouvelle variation de on tire d’abord et on parle après…

Dans l’heure qui a suivi j’ai lu cet article : L’Open source pour casser le prix des médicaments (Racheté par un fonds d’investissement, un médicament a vu son prix augmenter de 5.000 % ! Des lycéens australiens ont trouvé la parade pour le proposer à un prix correct). On y voit ce monde du cyberespace et ses valeurs (open source) casser le coût d’un médicament contre un vilain fonds d’investissement. L’individu responsable de l’augmentation de 5000%, Martin Shkreli, est d’ailleurs un parfait contre-exemple en terme d’éthique.

Je ne peux pas m’empêcher de penser qu’on essaie de soumettre les idées à une pesanteur, un poids législatif et économique surtout. Tout doit avoir un coût et être encadré, idée heurtée à pleine vitesse par le numérique où on partage idées, données, expériences, sentiments, secrets, CD/films… à défaut de rendre nul ce « poids », le numérique l’abaisse considérablement voire le rend totalement absurde.

L’idéalisme du cyberespace rentre en conflit de plein fouet avec le réel et au final avec la loi. La loi qui est là pour encadrer se retrouve ici bloquante pour atteindre un autre niveau de société plus « universelle » et « égalitaire ». La loi attachée à un pays est incapable de sortir de ce carcan, sa logique et son emprise s’arrête à des frontières physiques. La loi est au final injuste car ne s’adressant pas à l’espèce humaine mais à un pays.

Nos idées appartiennent à qui ? Doit-on forcément les soumettre à un poids législatif et économique ? En fin de compte être idéaliste c’est être contre la loi ?

L’indépendance n’a pas de prix mais elle a un coût.

Déjà 2 avis pertinents dans Cyber-humanité

  • Notre idéalisme pensait abolir les frontières mais se centrait sur une culture à la fois occidentale et utopique dans le sens où elle idéalisé l’humain. Aujourd’hui nous ne voyons d’ailleurs qu’une petite moitié du monde cybernétique, celui que nous savons « lire »

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