La ville rend-elle méchant ?

Aujourd’hui une question : La (grande) ville rend-elle méchant ? Vous me faites plaisir, vous êtes des potes, Seboss vient de débarquer sur Paris, Cyrille et Gilles ont quitté cette ville, un paquet doit y vivre alors vous laissez des commentaires siouplait !

Bon en fait il y a deux questions. La première est de savoir si j’ai l’esprit dérangé parce que je suis le seul à ressentir ça. La seconde est effectivement de savoir si la ville rend méchant.

Je suis né dans un petit village près de Melun (Seine et Marne représente !). Soyons clair ce n’est pas la campagne, il y a une petite gare, un boulanger, une petite poste, l’église et la Mairie. J’ai eu la chance de m’épanouir dans un cadre sain, j’avais ma chambre, on avait un jardin et un chien, c’était une maison et c’était calme.

Je suis dans l’informatique et comme beaucoup de monde je me suis rapproché de la ville pour trouver un travail et gagner ma vie. Je bosse dans le 93 actuellement.

Je me suis vu changer, en mal. Les raisons sont multiples, le bruit, les transports, l’incivilité, les gens qui font la gueule et qui ne ressentent rien totalement déconnecté de ce qui se passe autour d’eux, la misère humaine (j’ai souvent les larmes aux yeux quand je vois des clochards). On pourrait rajouter l’insécurité liée aux attentats mais actuellement ça ne me fait pas peur.

En ce qui me concerne je crois que la plus importante c’est le bruit. Dans mon précédent appartement je suis monté 3 fois voir mon voisin du dessus. Des imbéciles heureux qui klaxonnent à 5h du matin sur toute la longueur de la rue, les petits cons qui parlent fort et insultent tout le monde en rentrant se coucher après 01h00.

Il se trouve que Madame sortait avant sa grossesse, revenir tard le soir par les RER ça fait vraiment peur aux femmes et je le comprends. J’ai acheté des couteaux. Une sorte de délire de gosse mélangé à un besoin de se rassurer pour Madame (elle en a un sur elle).

Il y a quelques mois, j’étais proche de l’explosion. Quelqu’un m’aurait fait chier, je me serais expliqué à la batte de baseball. Quelque chose en moi m’a dit « Attention tu vas exploser ! Tu vas devenir méchant, tu es devenu méchant ! Il suffit d’une étincelle et ça pourrait très mal se passer ».

Un soir j’ai franchi la ligne. J’ai appelé la police municipale pour tapage nocturne, j’ai guetté leur arrivée pendant 1h30 (première fois de ma vie que j’appelais la police). J’ai appelé 3 ou 4 fois et la dernière fois on m’a dit qu’ils étaient passés. J’ai répondu que rien n’avait changé ici, elle m’a répondu que c’était confirmé par ses collègues. S’en est suivi un échange :

  • « Monsieur nous ne sommes pas responsables de l’épaisseur de vos murs ! »
  • « Pardon ? L’immeuble à moins de 8 ans. Je vous dis qu’il y a toujours autant de bruits ! »
  • « Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse les gens on le droit de parler ! »
  • « Pardon ? Il est deux heures du matin, il y a encore de la musique ! Vous vous foutez de ma gueule ! »
  • (Sur un ton autoritaire et plus élevé dans la voix) « Monsieur ! Je vous demande de vous arrêter sinon je vais signaler un outrage ! »
  • (Moi pas de bol je suis Sysadmin, les VIP et la pression c’est mon job) « Et donc vous comptez rien faire ? C’est pour ça qu’on paye des impôts ?! »

Elle m’a raccroché au nez. Ça a été tellement vite que je n’ai pas réalisé tout de suite le niveau de ma colère durant l’appel et qu’elle m’avait raccroché au nez. Je ne pense pas que la police soit passée. Pour le sas de l’immeuble il fallait un badge (pas de code) et aucun appel sur mon portable (contact) ni sonnette à mon appartement. Je peux me tromper mais en tout cas il n’y a eu aucun effet sur le bruit.

C’est à ce moment là que j’ai compris qu’il fallait que je parte le plus rapidement possible. La ville me rend mauvais, elle a un impact malsain sur moi et mes émotions.

Donc voilà c’est tout. Est-ce que je suis le seul à avoir ressenti ça ou est-ce que certains se sont reconnus ? Et ensuite la ville rend-elle méchant ?

Je rajouterai une réflexion pour moi (ma mémoire), le mot « politique » est basé sur le latin « polis » (la cité). La question qui me vient donc après les deux ci-dessus c’est si la ville nous rend méchant et que la politique c’est la vie de la cité/ville, peut-on vivre ensemble ? (Quand je vois les mégalopoles comme New-York, Paris, j’ai l’impression que les gens s’y perdent, trop de trop)

Merci !

Déjà 12 avis pertinents dans La ville rend-elle méchant ?

  • Je vis aujourd’hui dans une ville de 300 000 habitants. Est-ce grand ? Je ne sais pas. Mais je ne ressens pas ce que tu dis. Mais encore une fois, je ne suis plus en France, mon regard est donc encore plus différent.

    Quand je vivais sur Paris, j’avais effectivement une forte capacité de détachement. C’est nécessaire pour ne pas devenir dingue dans ce milieu.

  • Toutes nos expériences sont différentes.
    Pour piler, c’est aussi le cas en Suisse (souvenirs de touriste enfant) et c’est aussi dû à la culture de l’omnipotence de la voiture sur le reste, constructeur FR et années ’80 inside, donc c’est dur d’en parler dans le contexte de ton billet.
    Pour ce qui est de quitter Paris, Cyrille et moi n’avons AUCUN point commun sur le parcours Paris / Province.
    J’ai un vécu particulier, mais j’ai (nous avons, avec ma femme) quitté la région parisienne pour plusieurs raisons, en vrac :
    – besoin d’avancer dans nos vie professionnelle, c’était bouché pour elle, j’avais envie de changer dans mon métier (je suis fonctionnaire territoriale, pas de mutation sur tout le territoire comme l’Educ Nat par exemple) donc nous avons déménagé quand j’ai trouvé un travail ailleurs
    – envie d’avoir un enfant et de l’élever dans un environnement plus qualitatif que dans un appart. qui donne sur une nationale fréquentée en ville (alors que notre appart était très bien)
    – envie d’autre chose qu’un appart mais le prix de l’immobilier en région parisienne… pour 2 smicards, c’est chaud, pour info j’ai acheté ma maison sur plan le prix d’un studio pourri sur Paris)
    – envie inconscient pour ma femme de se rapprocher de sa famille, la mienne n’était plus trop présente sur Paris, donc retour chez elle mais sans ce lien familial nous aurions déménagé ailleurs en province je pense
    Bref une suite de déclencheurs…
    Pour info je suis né dans le 78, vécu dans le 95 et j’apprécie toujours d’aller à Paris mais je n’y vivrais plus.
    Ma femme est né en province et a vécu… là où nous vivons (et qui n’est pas là où elle est né, travail paternel = déménagements souvent dans sa jeunesse).

    Socialement ou sociologiquement parlant, tu sais que les enfants de provinciaux veulent TRES SOUVENT se barrer et revenir vers la ville (études oblige, travail oblige, etC.) donc je ne pense pas que mon fils vive dans mon coin (c’est vraiment la mort côté études genre tous mes neveux et nièces sont partis) et côté taf c’est aussi très compliqué.

    Tu veux mon code de carte bleue aussi ? :p

    Ha et devenir méchant non je sais rester zen IRL (pas dans les comm. de CB :p) mais je comprends qu’on puisse péter un plomb devant la connerie des gens.
    Etre en « service public » aide à rester zen vu le paquet de cons, idem dans le commerce.

  • J’ai eu deux expériences de vie dans la.capitale, 5 mois en banlieue puis deux ans intra-muros. Je suis parti sur Lille en faisant l’aller-retour tous les jours tellement je ne supportais plus.
    Je ne pense pas que les grandes villes rendent méchant mais probablement plus pressé et stressé. Je me sentais vraiment oppressé et seul dans cette foule grouillante et apathique.
  • J’ai longtemps vécu dans une ville moyenne de province dans une maison. Depuis l’année dernière je vis dans une agglo de 250000 âmes, j’ai un petit appart’ et ça me va bien. Pas trop d’entretien, tous les services disponibles à 5-10 min à pied, transports en commun faciles d’accès. Malgré mon exemple de provincial, je me sens plus à l’aise dans une ville. On est anonyme et libre sans trop se faire remarquer, et c’est là qu’il y a les emplois à forte valeur ajoutée. Et j’ai toujours vu de mes yeux la campagne comme étant à la traîne du monde moderne, tant dans les mentalités que dans la façon de vivre.

    Pour un jeune cadre dynamique en informatique comme moi, seule la ville répond à mes aspirations. Et elle ne me rend pas plus méchant. Sans doute plus stressé, ce que je peux supporter encore.

  • Augier
    Je pense que la question est moins de savoir si la ville rend méchant que de savoir si le fait de vivre en ville et le fait d’être (devenu) méchant sont deux fois la conséquence d’une même cause.

    Je pense que la plupart des gens vit en ville pour le travail et soyons honnêtes : la plupart des gens n’aime pas son travail. Du coup, par corollaire, quand tu vis dans un environnement que t’as pas choisi pour une raison que tu détestes, tu deviens méchant, c’est logique.

    Je suis sûr que si/quand t’en parles avec ton entourage, beaucoup te répondent qu’ils préféreraient aller vivre dans le sud ou en Bretagne. Seulement voilà : dans le sud ou en Bretagne, on trouve pas forcément un job.

    Et c’est quelque-chose qui m’a frappé quand je suis allé passé mes vacances en Aveyron : là-bas, les gens étaient détendus, à la cool. Probablement parce que, pour la plupart, ils ont choisi d’y vivre. Et ça change tout.

  • Jojo
    Mon dieu, j’aurais pu écrire cet article en fait… :)
    Bon, je passe là un peu par hasard, mais je te rejoins sur pas mal de point.
    Pour ma part je viens du Nord-Est de la France (l’alsace, tout ca), et je suis arrivé à Paris après mes études, l’été 1999.
    Au départ je m’étais fixé 5 ans maxi sur l’IDF, histoire de me faire une expérience pro, puis de repartir en province (par forcément celle d’origine).
    Au bout de 6 mois, j’en pouvais plus : seul, impossible de lier des amitiés avec mes collègues de bureau (j’étais un jeunot de 21 ans et eux avaient quasiment tous une vie de famille), mais bon j’ai fini par passer le cap (je suis un grand solitaire).
    Les opportunités professionnelles ont fait que j’ai beaucoup changé de boites (en moyenne tous les 12-18 mois au début de ma carrière), et ma vie s’est peu à peu construite sur Paris.

    J’ai toujours eu la chance de pouvoir limiter les transports en commun (j’ai beaucoup bossé sur la Défense et communes proches, et je vivais à Courbevoie à l’époque).
    Et puis ensuite j’ai passé le permis moto et ne me déplace plus qu’à moto, tellement j’abhorre les transports.

    Aujourd’hui, je me sens fatigué de la vie parisienne, même si je vis en banlieue. Le bruit incessant, les incivilités de voisins, le stress.
    Ma compagne, originaire du 94, n’en peut plus non plus alors qu’elle a baigné dedans toute sa vie.

    On réfléchit de plus en plus à quitter la région IDF pour une ville de province.
    Plusieurs de mes amis/collègues ont quitté l’ile de France pour vivre à Lyon, Rennes, … et ne tarissent pas d’éloges sur leur nouvelles vies.
    Mon frère quant à lui vit à Strasbourg, avec femmes et enfants, et même une vie confortable sans pour autant avoir de gros revenus.

    Pour finir, je pense que ce que tu/nous vivons et décrivons et surtout propre à la vie en Ile de France.
    Quand je pars dans les villes de province ou même les grandes villes à l’étranger, je trouve à chaque fois la vie plus agréable qu’à Paris.

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