Repli sur soi

Tant de choses. Tant de belles choses, de choses perdues et disparues sur le net.

Mon voyage a commencé chez Sebsauvage, un billet énigmatique puis l’explication de Timo le Hollandais Volant.

Le Warrior, le lien qui fait réflechir, la réponse, la re-réponse, la discussion continue toujours.

Je ne sais pas… je ne sais pas ce que je dois en penser. Est-ce qu’on est capable de se parler sur le net ? Je ne sais pas.

La chose que je vois et c’est le titre du billet, c’est que finalement tout le monde se replie sur soi, moi y compris. On campe sur ses positions, on refuse de discuter, on bascule parfois dans l’attaque personnelle. Repli sur soi, repli sur soi, repli sur soi.

Je ne sais pas pourquoi j’ai relu mon billet J’aime avoir raison et je repense en boucle à sa conclusion, « Dire que certains voulaient juste partager des connaissances avec d’autres, c’est tellement dépassé, tellement candide, tellement simple. Ou pas. »

On se fait tellement tacler quand on est blogueur, t’aurais dû dire ça, je l’aurai pas dit comme ça, c’est n’importe quoi ce que tu dis, ça n’a aucun intérêt, v’la les fautes. J’avais aimé construire la Charte avec vous, je l’ai fait car j’ai senti que c’était nécessaire pour encadrer les débats, permettre l’échange, le dialogue. Avec le recul je me rends compte à quel point c’est essentiel et à quel point je regrette que ça n’a pas été pris plus au sérieux par d’autres blogueurs (bien que les articles en parlant ont été très commentés).

Tant que vous ne parlez pas de trucs qui fâchent ou amenant des réflexions tout se passera bien mais ensuite…

Ça fait partie des trucs où on se dit « pas besoin », « un jour quand j’aurai le temps » et évidemment ça ne sera jamais le cas. Le jour où vous voulez débattre, vous n’avez tout simplement pas le cadre mais vous ne vous en êtes même pas rendus compte. Un peu comme quand on part dans un bar le soir avec des amis en se disant « la soirée s’annonce top » et où en fait tout le monde s’emmerde parce qu’on ne s’entend pas parler.

Arriver là tout le monde doit se dire que je suis en train de déprimer. C’est vrai pourtant ce n’est pas directement à cause des liens au-dessus. Un de mes grands trucs c’est de me questionner, toujours, tout le temps. Se remettre en cause. On m’a opposé comme argument que le Journal du Hacker c’était un Shaarli collaboratif. C’est parce que je ne fais pas que argumenter que je me suis logiquement penché sur cet argument et donc j’ai entrepris (avec l’aide de Gilles merci !) de voir ce qu’il en était. Comme vous avez pu le constater, je ne suis pas tombé au bon moment.

Finalement quand on est blogueur et qu’on lit les liens au-dessus, on finit par se demander à quoi bon ? Est-ce qu’un blogueur sert à quelque chose ou question plus précise est-ce que son « apport » est efficient dans un domaine (le Libre, GNU/Linux, le partage par exemple) ?

Je crois que fondamentalement et c’est terrible ce que je vais dire mais pour faire, il ne faut plus écouter. Sinon tu passes ta vie à faire des corrections, à réfléchir comment ça devrait être fait, à être découragé ou raillé par les autres.

C’est terrible de dire ça car c’est pourtant mon dada, écouter les autres, apprendre. C’est ce que j’ai fait une bonne partie de ma vie et ce que j’aime faire surtout. Je crois que pour se lancer, faire, il faut laisser derrière soi les critiques pour se focaliser, conserver son énergie sur le faire. Il y a comme un non retour entre apprendre et partager. Finalement partager c’est se prendre dans la tronche toutes les critiques de « l’autre » mais partager c’est construire quelque chose, faire quelque chose avec les autres.

Alors j’accepte cela. Ça ne me fait pas plaisir, ça ne m’enchante pas d’en être là mais j’ai trop longtemps regardé le monde sans y participer. Je prends ma part de responsabilité. Je vais faire toutes les erreurs que j’ai à faire, je vais soutenir tous les projets qui me semblent aller dans le bon sens, je me ferais juger et chahuter pour cela mais j’ai appris une leçon aujourd’hui « Sometimes you win, sometimes you learn » (parfois tu gagnes, parfois tu apprends) et c’est ce que je vais faire à présent.

Repli sur soi. Est-ce qu’on est capable de se parler sur le net ? Je ne crois pas.

Nous allons voir.

Déjà 8 avis pertinents dans Repli sur soi

  • Pour info, Cyrille a déjà bloguer dessus, il me semble ;)
    Sinon si on parle des débats de ces derniers jours sur Shaarli.fr, c’est un microcosme sans intérêt ;)
  • Augier
    Ouais mais tu prends des exemples extrêmes aussi là. J’espères que tu crois pas sincèrement que c’est représentatif d’internet ou de son évolution, quand-même ?
  • Comme je disais chez Cyrille, le linge sale ça se lave en famille.
    Le souci c’est que ça vire au débat de comptoir sur la société, la politique, le capitalisme, etc. mélangé à de l’échange de Scud (ce qui en fait un débat de comptoir : des piques, du vocable familier et des passages du coq à l’âne) alors qu’on part d’un débat technique sur les enjeux du logiciel libre.
    Au milieu de ce bourbier, il faut rester droit, être un roc inébranlable de calme et de pédagogie au milieu de la vulgarité, des procès politiques, du coq à l’âne, des points Godwin, des attaques personnelles et nominatives.
    Il faut opposer encore et toujours des argumentaires construits, du recentrage sur l’essentiel et ne jamais céder à l’écriture violente.
    Un autre point qui est dommage c’est le déplacement du débat sur le terrain politique. J’ai mis dans la charte de mon blog :

    Ce blog est technique, philosophique et culturel. Il ne s’interdit aucun sujet d’avance.

    J’ai failli rajouter un truc du genre « Ce blog ne participe à aucun débat politique ou religieux. Il s’autorise à commenter l’action publique ». Sans doute viendrais-je à le faire, mais l’idée n’est pas retenue pour l’instant.

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