Décentralisation et contradictions

Je lisais avec intérêt l’article de aeris sur Own-Mailbox.

Je note encore une fois qu’on veut décentraliser pour casser les silos propriétaires, qu’on veut décentraliser pour ramener les données chez soi, qu’on veut décentraliser pour ramener de la tolérance aux pannes et complexifier la surveillance. Je n’ai pas tout cité.

La décentralisation me semble un terme trop peu explicité, je ne vois pas beaucoup d’articles en parler. Voici le meilleur article que j’ai lu (comme d’hab les commentaires sont tout aussi intéressants que l’article). Il me semble que oui c’est la voie qu’il faut suivre, je n’argumenterai pas ici sur le pourquoi mais sur nos contradictions.

D’un côté on sera nombreux à défendre la décentralisation, à y voir une bonne pratique, un moyen efficace. D’un autre côté ça va complexifier, cela va ajouter un coût non négligeable de difficulté technique supplémentaire et ça va s’éloigner encore de la simplicité d’une solution nécessaire au grand public.

Own-Mailbox est un bon exemple de nos contradictions, on veut décentraliser mais en utilisant tous le même outil. Qu’en est-il de la communication, de la visibilité nécessaire à ce type de projets pour qu’il récolte des fonds, qu’il arrive à décoller ? Un projet doit être visible, on doit en parler, il faut en faire la promo pour qu’il se réalise. Intrinsèquement on va diriger le plus de monde possible vers un point central, c’est à dire rassembler.

C’est nécessaire de rassembler la documentation à un endroit unique, c’est nécessaire de donner une URL où on va communiquer et recevoir des dons. Si on ne centralise pas, on ne peut tout simplement pas rassembler.

On a donc une nécessité de rassembler pour que le projet devienne réalisable mais un souhait de décentraliser pour casser les silos propriétaires, pour ramener les données chez soi, etc. On a créé un Single Point Of Failure (SPOF, point unique de défaillance). Défacez le site, mettez du code infecté dans la forge, piratez le serveur principal de mises à jour et vous ferez tomber le projet.

Personnellement ça ne me gêne pas, je suis simplement conscient de cette double nécessité impérieuse mais contradictoire, rassembler autour d’un projet en prônant la décentralisation. Si je devais porter un jugement je dirai que le rassemblement est plus important. Si personne ne « voit » votre projet, s’il n’a aucune visibilité, si on n’en parle pas, c’est un projet mort-né (enfin non il peut répondre à votre seul usage).

Alors pour ou contre GitHub ? J’ai fait mon choix.

Il est plus important pour un projet public (open-source ou Libre) d’avoir une meilleure visibilité, d’être sur la forge la plus populaire, d’être trouvé facilement par des contributeurs, d’avoir une forge « sociale » plutôt que d’être sur une forge Libre. Être sur GitHub, c’est être pragmatique . GitLab (l’article qui va bien) demeure ensuite la seconde solution à préconiser.

Déjà 7 avis pertinents dans Décentralisation et contradictions

  • A1
    Il est possible de se rassembler autour de services/logiciels à partir du moment où ces derniers ont de la visibilité et répondent à une demande. Pour qu’un rassemblement soit possible, il faut également que les individus soient libres de penser, voir d’agir en dehors des frontières des silos propriétaires.

    Se rassembler autour de standards interopérables est donc une première étape essentielle. La stratégie de ceux qui souhaitent créer des silos, c’est de devenir incontournable, pour pouvoir dévier vers eux les tendances sur lesquelles ils se sont réalisés. Les standards interopérables sont les gardes-fous contre l’émergence de ces concentrations. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont attaqués, que ce soit par Microsoft sur le desktop, ou facebook sur le web.

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