La suprématie de Google sur le web mondial

Il y a quelques jours a débarqué sur la framasphère une journaliste qui appelait à des témoignages de personnes qui ont éjecté Google de leur vie. Ce post m’a fait réfléchir aux raisons qui peuvent pousser une personne à abandonner Google. On résume beaucoup trop souvent cette question à son seul aspect de vie privée. C’est une erreur, selon moi. Le problème que pose Google au web va bien au-delà du seul problème de la vie privée.

Qu’est-ce que Google ?

Pour bien comprendre le fond du problème, il faut bien comprendre de quoi on parle. Car si Google est surtout connu pour son activité historique de moteur de recherche, ses activités vont bien au-delà. Google, c’est aujourd’hui un véritable empire technologique avec une position dominante dans plusieurs secteurs stratégiques. Parmi les activités les plus connues du grand public, il y a la fourniture de services mails avec Gmail, la fourniture de services d’hébergement vidéo avec YouTube, la téléphonie mobile avec son système d’exploitation Android, les services de stockage en ligne avec Google Drive, la cartographie avec Google Maps, la navigation web avec Google Chrome, etc.

Google est dominant dans tous ces domaines. Il était, en 2012, le numéro 1 des services mails avec 287,9 millions d’utilisateurs actifs. YouTube affiche cette année une santé indécente avec les chiffres ahurissants de 1 milliard d’utilisateurs actifs par mois et 4 milliard de vidéos vues par jour. Android possède 48% de part de marché et est installé sur 900 millions de terminaux. Google Chrome possède près de 33% de parts de marché en France. Quant à Google Maps, son application GPS n’a juste aucun concurrent sérieux.

Mais au-delà de ces services bien connus, Google, c’est aussi le numéro 1 de l’analyse de trafic web avec Google Analytics, de la publicité embarquée avec Google AdSense. Des applications mobiles pour Android avec Google Play. En plus de ses services orientés pour le web, Google, c’est aussi une frénésie d’achat d’entreprises dans le secteur de la robotique (Boston Dynamics), l’intelligence artificielle (Deep Mind), la sécurité informatique (VirusTotal) et, bien évidemment, une concentration verticale avec le rachat d’un nombre incalculable de ses petits concurrents. En fait, la liste des acquisitions de Google de ces dernières années est effrayante.

Quelles conséquences ?

Les conséquences de cette domination de Google sur le web sont tout bonnement effroyables. C’est tout une galaxie de sites web qui se met à trembler dès que Google met à jour son algorithme de référencement des pages web. Récemment, Google l’a d’ailleurs encore mis à jour. Parmi les modifications, il y a le fait de mieux référencer les sites qui sont bien adaptés pour le mobile. On a du mal à voir en quoi cela augmente la pertinence d’un site dans les résultats de recherche mais le fait est là : tous les administrateurs de sites à gros trafic et à trafic moyen vont harceler leurs développeurs pour qu’ils rendent leurs sites responsive.

En fait, avoir un bon référencement sur Google est tellement important pour certaines catégories de sites web que ça a donné naissance à un métier à part entière dans l’informatique : le SEO (search engine optimization) et on peut voir par exemple ce vidéaste expliquer qu’il a changé sa manière de titrer ses vidéos afin d’optimiser son référencement sur YouTube et Google. Il faut bien comprendre que, pour certaines sociétés, chuter d’une ou deux places dans le classement de recherche de Google, c’est un coût de plusieurs centaines de milliers, voire plusieurs millions d’euros.

Google est parfaitement conscient de ce pouvoir et n’hésite pas à en abuser, comme par exemple, pour lutter contre le partage de fichiers en déréférençant des sites sur demande des ayant-droit comme l’indique un de leurs rapports de 2013. Ce n’est donc pas étonnant que lorsque l’UE a commencé à parler du « droit à l’oubli » (oui, en France, on a plus de droit à la vie privée mais en revanche on a un « droit à l’oubli »), la première chose qui leur soit venu à l’esprit est d’appliquer des mesures d’obligation de déréférencement pour les moteurs de recherche après une décision de la Cour de Justice de l’Union Européenne à l’encontre de Google (décision en PDF, français).

La position de domination de Google sur le web mondial en fait un véritable goulot d’étranglement de l’information tant et si bien que toute situation de conflit l’impliquant tourne vite à la ridicule tatouillée. C’est ainsi que lorsque la presse belge a décidé de porter plainte contre Google parce qu’elle en avait marre que Google absorbe ses contenus dans Google News entourés de belles publicités Google (et pas des publicités Le Soir, par exemple), Google a décidé d’appliquer la décision de justice de façon radicale en déréférençant toute la presse belge. Le Soir est à nouveau disponible dans une recherche Google, je vous laisse deviner qui a fini par plier….

 

Se séparer de Google n’est plus aujourd’hui un choix, c’est devenu un enjeu de salubrité publique.

Déjà 8 avis pertinents dans La suprématie de Google sur le web mondial

  • On a du mal à voir en quoi cela augmente la pertinence d’un site dans les résultats de recherche

    L’algo de Google sur les sites responsive et adaptés mobile est destiné principalement aux recherches effectué sur les terminaux mobiles. Et, pour une fois, j’ai trouvé ça plutôt bien, ça va forcer les dev à faire leurs sites responsive. Pour l’utilisateur comme moi, ça évitera de tomber sur des pages non responsive ou non adapté et devoir rager par ce qu’il y a des pub à mort avec des boutons trop petit pour mon gros doigt sur mon écran tactile…

  • Je trouve aussi que c’est un peu leger comme critique le responsive est dans l’intérêt des consommateurs. L’optimistion SEO est une contrainte pour la création, c’est plus génant pour moi. L’article serait plus solide avec une explication pour les profanes (comme moi) des systèmes monopolistiques et des projections sur le cas particulier de Google, par exemple l’influence au niveau politique. Je partage!
  • Article très intéressant, tombé dessus depuis un message sur diaspora, et de fil en aiguilles…
    Par contre, se séparer de google, c’est un peu radical. On sais bien que même si par magie, google disparaissait, un autre géant prendrait sa place. Pas évident.

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