Les chroniques d’un monde nouveau — Épisode 0 : Introduction

Ceci est le premier billet de ce que j’espère être une série pour présenter des réflexions anthropologiques, philosophiques ou sociologiques sur la société française et la société occidentale de manière générale.

Je pense, et j’espère, que nous sommes en train de vivre une révolution sociétale phénoménale. Une révolution d’une ampleur jamais vue depuis des siècles. Une révolution comparable au Siècle des Lumières.

Pour le meilleur ou le pire, je pense qu’Internet a changé la société de la même manière que l’imprimerie l’a fait. Mais un changement si radical n’est pas sans conséquences. Il y a bien sûr, la lutte des puissants de l’ancien monde contre les puissants du nouveau mais cet aspect est déjà bien couvert par de nombreux chroniqueurs sur Internet et ce n’est pas ce qui va m’intéresser ici.

Ce qui m’intéresse, ce sont les petits changements que ces gros changements entrainent avec eux. Ces changements imperceptibles mais qui, parfois, nous font penser que, tiens, en y réfléchissant, il y a dix ans, ce n’était pas comme ça.

Bien évidemment, nombre de ces changements prennent leur racine dans une aire pré-Internet. Et pourtant, tout cela pourrait être bien lié de manière inextricable en un ensemble circulaire de causes et de conséquences. L’horreur de la seconde Guerre Mondiale et la volonté de voir émerger un monde nouveau plus pacifique ont probablement créé le besoin de communiquer plus pour tenter de mieux se comprendre. D’échanger pour mieux s’accepter. Et comme disait l’autre, pour “dépasser dialectiquement notre altérité réciproque”.

Cela a créé bien des effets pervers. La société, inhabituée à gérer de tels flux d’information a rejeté cette création. De toutes part, on tente de la contrôler, persuadé d’avoir ouvert une boite de Pandore, oubliant que quelques siècles auparavant, une boite similaire semblait s’être ouverte avec l’invention du téléphone. N’importe qui pouvant dire n’importe quoi dans le secret de son intimité. Cela semble tellement familier, n’est-ce pas ?

Internet a également créé les horreurs de la spéculation haute-fréquence et du néo-libéralisme qui en découle. Et tout cela semble dessiner la chute inexorable de notre société. De tous bords, les mystiques s’éveillent, prônant des solutions supposées miracles pour passer le cap. Et les théories les plus folles trouvent un écho sans pareil, affirmant que l’on stérilise la population à coup de trainées chimiques diffusées par nos avions.

Et puis, il y a les choses bien qui ont, en un sens, poussé à la création d’Internet : le féminisme, l’humanisme, la tolérance, l’héritage du combat des minorités et des pacifistes des années 60 et 70. Il ne faut jamais oublier que les créateurs d’Internet étaient des universitaires, des gros hippies.

Et tout cela bouillonne dans une soupe d’évènements qui paraît s’accélérer, que nous avons l’impression de ne plus contrôler. Il est normal que nous nous sentions perdus. Les repères et les paradigmes de nos parents, des années 90, qui sont nés de la guerre froide ne sont plus valides. Il nous faut découvrir les nouveaux.

Cette série de billet n’affirme pas la vérité. À vrai dire, elle n’affirme pas grand chose. Ce n’est qu’une suite de questions ouvertes qui n’ont probablement pas de réponse. Et à vrai dire, les réponses n’ont en fait aucun intérêt.

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